Le document faisant état de malversations à la banque Centrale de Mauritanie au temps d’Ould Abdel Aziz, que l’ex-conseiller du ministre de la Justice affirmait détenir par devers lui et qui lui valut d’être interpelé pendant deux jours par la police, a été divulgué par l’Observatoire du Civisme et des Libertés. Et il n’a dévoilé qu’une infime partie de ce que tout le monde savait déjà, un petit morceau d’un énorme iceberg de prévarication et de gabegie, une symphonie savamment jouée par tout un clan. Où la BCM joua allègrement sa partition, comme toutes les autres institutions de l’État. Comment aurait-il pu en être autrement, d’ailleurs ? Quand, dans un pays qui se dit islamique, son raïs reconnait avoir lui-même trempé dans des affaires louches avant même d’arriver à la tête de l’État, il faut s’attendre au pire une fois qu’il aura toutes les cartes en main. Et l’on n’a pas été déçu. On aura tout vu en une décennie. Même la banque Centrale, dont les méthodes de gestion et les procédures étaient systématiquement frappées du sceau de la rigueur – n’exagérons toutefois pas outre mesure… – n’a pas échappé à la boulimie ambiante. Elle s’est transformée en passoire où les principales devises se retiraient ou s’échangeaient en toute opacité. La suspecte N°1 dans l’affaire dite de la BCM déballa tout aux enquêteurs. Le procureur de la République en fit rapport à sa tutelle. C’est de cela que parlait Ould Haroun. Mais il n’y eut jamais de suite : pouvait-on, de fil en aiguille et d’aveux en dénonciations, inculper toute la république ? Il ne s’agit pas de couper un doigt gangrené ; la main, le bras – la tête ? – sont pourris. Y a-t-il donc une chance de sauver notre Nation ? On se prend parfois à souhaiter que le Jour Dernier vienne au plus vite…
Ahmed ould Cheikh