Décidément, nous avons toujours hâte de faire les choses, même quand il s’agit de questions cruciales dont dépend l’avenir de notre patrie ; en l’occurrence le référentiel socioculturel sans le règlement duquel on ne pourra jamais évoluer. Bien longs et innombrables, les articles, discours et commentaires des fans des réseaux sociaux à propos des dossiers nationaux objets du projet de débat national récemment initié ! La question socio-cultuelle semble y primer sur toutes les autres problématiques qui doivent être inscrites au registre du dialogue. Sa résolution constituerait-elle l’épilogue de tous les problèmes de notre pays ? Certains acteurs de la scène politique, côté pouvoir comme côté opposition, Société civile et intellectuels, s’activent en tout cas pour lui donner la priorité.
Mais quand bien même cette question a toujours cristallisé les dangers et les rancœurs troublant l’indispensable cohésion nationale, il n’en demeure pas moins qu’elle ne saurait être résolue sans plancher sur les maux de ses corollaires, en parallèle et simultanément : l’injustice, la corruption, toutes les facettes de la discrimination, le tribalisme foncièrement enraciné en toutes nos communautés, en particulier au sein de l’ethnie maure, et base continuelle des tribulations systématiques des pouvoirs qui nous ont dirigés.
Par quel miracle, quel fructueux labeur, quel intellect, quelle logique, quelle conception tout-à-la-fois objective et politique allons-nous nous y prendre, quand le parti au pouvoir – l’interlocuteur privilégié – reste imperturbablement composé des mêmes individus et/ou de leurs successeurs génétiques ? Ils n’ont cessé de traîner leur nocif savoir sous tous les chefs d’État qui se sont succédé au pouvoir depuis 1978. Par quel miracle allons-nous nous y prendre, quand le secteur de la Justice est animé et géré par une équipe en majorité unilingue, plus préoccupée par ce que chacun de ses membres escompte mettre de côté en sonnantes et trébuchantes que par la franche application du Droit ? Par quel miracle pourrions-nous mettre sur pied une réforme du secteur de l’Enseignement avec le souci didactique de tenir compte des légitimes revendications culturelles et sociales de nos concitoyens négro-africains ; dans une réflexion pondérée et conforme aux préceptes de notre sainte religion, quand, face à nous, les manipulateurs extrémistes pseudo-nationalistes arabes dirigent encore les pans structurants de l’administration du pouvoir ? Par quel miracle allons-nous, enfin, mettre en œuvre cette vulgarisation qu’on prône ici et là, sans défricher le terrain des avatars hérités des pouvoirs qui ont précédé celui de l’actuel président de la République dont, en particulier et à tout le moins, ceux de la décennie consommée ?
À mon avis, ce serait une hérésie opposée à l’orthodoxie que de vouloir ouvrir un débat d’une telle importance, si les réponses aux questions que je pose et me pose ne sont pas réunies, avant toute espèce de dialogue à caractère national ; en son aspect culturel, surtout. Ne faut-il pas au préalable se procurer les moyens humains, matériels et spirituels dont le fonctionnement interdépendant soit assuré par des hommes et femmes qui n’ont rien à se reprocher ? Leur nombre est certes bien réduit mais il y en a tout de même quelques-uns.
En tout cas, se parler, écrire, discuter, dialoguer – ou se concerter, si l’on préfère… – par le repérage ouvert de ces prolégomènes est une excellente et heureuse initiative, une conjecture relevant de la volonté du président de la République que nous applaudissons… Qu’Allah Le Tout Miséricordieux, l’Éclairant, Le Tout Juste le soutienne sans ses démarches, au bénéfice exclusif du pays qu’il dirige, امين يارب العالمين !