Aujourd’hui nous assistons aux préliminaires, que nous pouvons appeler plus communément « assises préparatoires », de la future réforme de l’Éducation ou, disons, du système éducatif national et ces assises se déroulent dans toutes les wilayas du pays. Cette énième réforme a pour but d’arabiser systématiquement l’éducation en Mauritanie, en jetant à la corbeille tous les acquis des réformes précédentes où se côtoyaient les deux langues, à savoir l’arabe et le français, constitutionnellement reconnue « nationale », pour la première, et « de travail »pour la seconde.
Mais ce qui devrait être les préoccupations prioritaires de nos gouvernants actuels, c’est de rehausser le niveau scolaire des apprenants que tout le monde aujourd’hui juge à la limite du lamentable, au lieu de s’atteler à politiser le système éducatif. Nous sommes au siècle des nouvelles technologies, tous les pays investissent d’énormes moyens pour obtenir les meilleures ressources humaines possibles et faire ainsi face aux nombreux défis qu’ils ont à affronter. Mais la Mauritanie semble ne vouloir, quant à elle, que miner, voire embouteiller, ses enfants à jamais, par des calculs purement politiques. Nos gouvernants ne devraient pourtant pas perdre de vue qu’à défaut de s’aligner avec le monde, on est appelé à disparaître, en moins de deux générations pour ne pas dire décennies. Tout le monde sait que les langues étrangères sont porteuses de développement dans tous les domaines, a contrario malheureusement de l’arabe. La preuve en est que toutes les nations arabes se tournent vers les langues étrangères, particulièrement vers l’anglais, à l’instar des pays du Golfe particulièrement l’Arabie saoudite qui ont investi des milliards de dollars pour asseoir des universités dignes de ce nom et productrices de ressources humaines compétitives.
Ceux qui sont allés à la foire de Dubaï s’en sont rendu compte : l’arabe n’y est pas parlé dans les stands, on y ouïtplace que l’anglais. Non pas, bien évidemment que je plaide pour l’abandon de l’enseignement de l’arabe : bien au contraire, il doit être constamment renforcé ; mais ce doit être un choix, pour tout chacun, d’apprendre en sus les langues qu’il veut. L’assimilation n’a jamais été une situation durable. Elle génère à la longue la révolte des populations ayant subi son diktat, comme on n’a pu le voir en nombre de pays qui avaient recouru à cette pratique moyenâgeuse : Afrique du Sud, Soudan, Zimbabwe, pour ne citer que ceux-là. Avons-nous bien vu à quoi cela a-t-il abouti ?
La plus grande contradiction de cette réforme est que ceux-là mêmes qui prônent l’arabisation pure et dure du système éducatif national scolarisent leur propre progéniture dans les écoles françaises, turques et autres étrangères…certains expédiant carrément leurs enfants hors du pays ! Quel paradoxe ! Il faut aller dans ces écoles aux heures de pointe pour constater ce que j’avance. Si nos gouvernants veulent réellement arabiser le système éducatif, il leur faut alors produire un décret interdisant à tous les enfants mauritaniens de s’inscrire dans les écoles étrangères et contraignant, « École républicaine » oblige, tous les Mauritaniens à fréquenter les établissements nationaux.
Le deuxième paradoxe de cette réforme est que les langues nationales sont enseignées en caractères arabes et non pas latins ou autres, comme si ces langues n’avaient pas leurs propres écritures !De qui se moque-t-on ?Nos dirigeants devraient revoir leur stratégie. Chaque année, nous assistons à la fuite des cerveaux vers d’autres pays, ils y contribuent fortement à leur développement, alors que si nos gouvernants avaient mis de côté leur politique politicienne d’assimilation et d’asservissement, la Mauritanie serait un pays émergent depuis des lustres. C’est malheureusement notre seule nation qui perd dans cette politique. Tous les mauritaniens épris de développement et de justice doivent donc dire non à cette réforme qui ne profite pas à la Mauritanie et risque de plonger le pays dans des désastreuses situations irrémédiables. À bon entendeur salut !
Un citoyen