Il a été arrêté pendant deux jours puis libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Il, c’est Ahmed ould Haroun ould Cheikh Sidiya, ex-conseiller du ministre de la Justice qui a ravi la vedette à tout le monde après sa sortie tonitruante sur une télévision privée. Et pour cause : il y affirmait avoir en sa possession un document compromettant pour de hauts fonctionnaires dont certains sont encore aux affaires. Le document en question, photocopié au ministère de la Justice lorsqu’il y travaillait, fait état d’opérations en millions de dollars pour lesquelles le Parquet a demandé la conduite à tenir à son ministère de tutelle. Il aurait ensuite été transféré à la Primature et à la Présidence de la République où il a été mis sous le boisseau, dit-il. Il n’en faut pas plus pour que toute la République se mette en branle. L’homme est intercepté par la police au lendemain de son intervention et son ancien ministère se fend d’un communiqué rejetant des déclarations « politiques dégoulinant de mauvaise foi ».
En tout cas, l’homme reste droit dans ses bottes. Il détient bien le document, en montre une copie électronique aux policiers lors de son interrogatoire et promet de le diffuser en temps opportun. Mais le papier serait-il à ce point important pour justifier tout ce tapage? Si le gouvernement actuel n’a rien à se reprocher, puisque les faits sont antérieurs à son arrivée au pouvoir, pourquoi se met-il ainsi à découvert, en prêtant le flanc aux critiques qu’a suscitées cette arrestation ? Jusqu’à quand la loi du silence va-t-elle s’appesantir, chaque fois qu’on tente de dévoiler un pan d’une des multiples opérations qui ont saigné ce pays à blanc ?
Ould Abdel Aziz et son groupe sont entre les mains de la justice. Qu’elle suive son cours, à la bonne heure ! Mais il est inacceptable qu’elle soit sélective. Tous ceux qui ont mis la main à la pâte doivent répondre de leurs actes, quels qu’ils soient. La transparence qu’on nous a promise ne doit pas rester un vain mot, comme le fut le célèbre slogan de la lutte contre la gabegie dont Aziz fit son cheval de bataille. Avec le résultat qu’on sait.
Ahmed ould Cheikh