Le Ministère de l'éducation nationale a annoncé l'ouverture imminente d'une concertation nationale sur la situation de l'enseignement. Le déroulement de cette "concertation" a fait l'objet d'une large diffusion, soulignant son caractère inclusif et ouvert à tous les aspects soulevés depuis des décennies par la crise multiforme qui affecte ce secteur stratégique de la vie de notre pays.
L'esprit de cette concertation est bien entendu en soi, la bienvenue.
Néanmoins, on ne peut manquer de s'interroger sur les raisons pour lesquelles ces concertations vont être ouvertes, à Nouakchott et à l'intérieur du pays, en principe, à quelques semaines d'un Dialogue national d'ores et déjà convenu entre pratiquement toute la classe politique et qui sera ouverte à la société civile - et dont l'un des sujets essentiels sera précisément cette question de l'enseignement. Que signifie donc cette initiative du ministère dont la fonction technique l'empêche, par definition, de poser et proposer une vision globale qui soit à la hauteur des attentes de l'ensemble de notre nation et qui aurait précisément fait l'objet d'un large consensus? Sans remettre en cause cette concertation sectorielle, il me semble indispensable et urgent de la réajuster et de la remettre dans le cadre du dialogue national que le Chef de l'Etat lui même ainsi que son Premier Ministre ont d'ores et déjà annoncé et dont l'organisation pratique est en cours. Si un tel ajustement n'intervenait pas rapidement, ce serait l'esprit même du dialogue national qui risquerait d'être affecté à la veille de son ouverture.
Ces quelques remarques sont tout aussi valables pour toute autre initiative d'un département ministériel qui aurait pour finalité réelle de chercher à court-circuiter ou à saborder le dialogue/concertation national en vue...
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».