« Expression violente d’un ras-le-bol populaire vis-à-vis d’une crise endémique à plusieurs facettes », comme les a qualifiés le professeur Lô Gourmo, c’est peu dire que les évènements de R’kiz doivent nous interpeler. D’abord par leur rapidité, leur ampleur et l’écho qu’ils ont reçu. Réseaux sociaux aidant, l’information a fait le tour du Monde en quelques clics. Ensuite par le danger que fait peser sur la paix sociale ce genre de troubles à l’ordre public.
Enfin par la nécessité – Que dis-je ? L’urgence ! – de prendre à bras le corps les multiples difficultés auxquelles fait face notre peuple meurtri par des décennies de gabegie, laisser-aller et démission de l’État. La leçon sera-t-elle retenue ? Accusés de complaisance et laxisme dans la conduite de leurs services respectifs, les responsables du département ont certes été tous limogés sans ménagement et le ministre de l’Intérieur entamé une tournée de prises de contact dans toutes les wilayas.
Mais la gestion de la crise a été entachée par des pratiques dont le pouvoir aurait bien pu se passer. Selon des ONG se basant sur plusieurs témoignages, certaines personnes arrêtées auraient subi des tortures. Ce qui n’a fait évidemment qu’aggraver les choses. Ce genre de situation demande tout-à-la fois du tact et une application stricte de la loi. En rajouter ne peut qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui voient, dans le tout-répressif, la panacée et, dans la démocratie, un luxe. La solution est pourtant beaucoup plus simple : donner à manger et à boire ; autrement dit, préférer la carotte au bâton.
Ahmed ould Cheikh