Conducteur piégé
Tout le monde sait que le crime et la délinquance tendent désormais chez nous à l’apogée. Leur hausse, ces dernières années, est énorme. Surtout dans les grandes villes du pays mais aussi en divers lieux de campagne. Avec, à Nouakchott, un nouveau genre de banditisme qui rappelle vaguement les actes de la pègre américaine des années 30.
Père de famille sans problèmes, A. M. gare son véhicule devant un supermarché du quartier Aïn Talh vers 22 heures. Juste quelques achats et donc inutile, juge-t-il, de verrouiller les portes de la voiture. Le voilà à remonter à bord dix minutes plus tard avec ses emplettes et à redémarrer. Mais alors qu’il s’apprête à tourner vers son domicile, il est pris au cou par derrière, tandis qu’un couteau le pique au dos. « Vire à droite et continue tout droit ! », lui ordonne une voix menaçante. Effrayé par le malfaiteur caché à l'arrière, il s'exécute malgré lui. On atteint un lieu obscur et désert, le bandit le fait stopper, le déleste de son boubou, téléphones et argent avant de s'emparer des clefs de contact et de filer. A. M.a bien évidemment porté plainte contre X mais la police n'a pu, à ce jour, identifier le moindre suspect.
Deux jours plus tard, un ancien haut responsable de l'État sort d'un salon de coiffure de la capitale vers 18 heures, ouvre la portière de son véhicule et embarque à bord. A cet instant, il aperçoit dans le rétroviseur quelqu’un qui s’introduit prestement derrière. Aussitôt redescendu, notre avisé retraité appelle le coiffeur qui rapplique illico. Surpris, l'intrus redescend lui aussi à toute vitesse, embarque dans une voiture garée non loin qui démarre en trombe. La police va conclure à une tentative d'enlèvement en vue d’obtenir rançon. Les autorités doivent assumer leur responsabilité face à ce nouveau phénomène qu’il faudrait éradiquer pendant qu'il est encore temps.
Djoukha
Dans la vallée de Lekhcheïm, en pleine Chamama qui constitue les terres fertiles du Trarza, un bras temporaire du fleuve Sénégal déversant ses eaux au Nord de Béguémoun s'est mélangé avec les eaux du lac Rkiz pour former une grande mare entourée d'une forêt d'acacias : Djoukha. Avec les premières pluies, elle s'agrandit pour occuper tout l’environ. Durant cette période, la voilà objet d’une ruée de familles et groupes en quête d'eau calme et verdure. On accourt de Nouakchott, de Nouadhibou même et de tous les coins du pays. Malgré son évident apport économique pour la région, ce massif afflux de touristes cause divers problèmes, notamment à R’kiz, Méderdra, villages et campements avoisinants. Marchandises et bétail ont connu une forte hausse de prix. Mouton entre 70 000 et 80 000 MRO, cabri à 40 000, alors qu’il se vendait à 10 000, il y a peu. Les résidents ne trouvent plus, en fin de semaine, ni pain ni la viande car les voyageurs de Djoukha raflent tout à bon prix. L'eau minérale, la glace et les boissons gazeuses sont également invisibles durant cette période. L’exécution des travaux manuels devient aussi compliquée car tous les bras compétents convergent vers cette mare pour y chercher quelque bénéfice.
Certains de ces touristes restent dans la zone plusieurs semaines. Mais la peur des moustiques, phacochères et autres singes les oblige à quitter très tôt le soir le marigot. Et de se replier à l’ordinaire vers la région de Méderdra exempte de moustiques. Les honnêtes de ces voyageurs cherchent des auberges et autres gîtes pour passer la nuit. Dépravés, délinquants et souvent jeunes, les autres rôdent en quête de proies. Des dizaines de vols et cambriolages ont été ainsi déclarés à Méderdra et ses environs au cours des deux semaines passées. Plusieurs moutons et chèvres volés dans les pâturages. Un groupe de jeunes hommes et filles passait la nuit en plein air non loin d'El Magham, dérangeant ses habitants par leurs chants et danses. Ils n'ont évacué les lieux qu'après avoir été menacés de faire appel à la gendarmerie. Heureusement, les événements de R’kiz– dont cette situation serait la cause, analysent plusieurs observateurs… –ont amené les autorités à fermer temporairement l’accès à Djoukha.
Mosy