Les événements de R'Kkz ont été unanimement décriés. Ce qui paraît justifié. Mais s'arrêter à cette condamnation est aussi une erreur. Il faut tenter d'analyser la situation et chercher à savoir pourquoi est-on arrivé à cette issue extrême, même si elle est localement limitée. Pour que nos populations ne s'habituent jamais à de telles réactions violentes et spontanées.
Je les attribue à plusieurs causes. D'abord une gouvernance publique insuffisante et décevante. Parce qu'elle ne vise pas à résoudre les difficultés vécues par les populations. Posons-nous une question ? Qu'est-ce que le nouveau pouvoir a apporté de tangible et de concret pour alléger la souffrance des populations dont le pouvoir d'achat et le niveau de vie se sont très vite détériorés. En témoigne une flambée des prix sans précédent.
Nous avons deux grosses lacunes qui pénalisent lourdement notre Nation. La première, sans doute la plus pernicieuse. Des élites qui n'apportent aucune critique objective à la gouvernance publique pour l'aider à s'améliorer. Préférant s'adonner aux flatteries, servitudes et même vénération d'un personnel politique dont le souci majeur est de continuer à profiter des avantages de la République pour eux-mêmes et leurs proches. Que ces élites, prêtes à toujours applaudir les régimes au pouvoir, aillent interroger les citoyens sur leur état d'esprit, leur moral et leurs difficultés à joindre les deux bouts d'une vie devenue plus chaotique.
Le second mal qui ronge le microcosme politique est l'absence d'une opposition crédible, anesthésiée par un pouvoir parvenant à l'endormir. Une démocratie véritable n'est jamais viable sans une opposition forte. Qui exerce sa mission de contre-pouvoir pour susciter une plus grande motivation de la majorité au pouvoir. Et la sommer de travailler d'arrache-pied pour le bien des populations.
Or toute l'opposition dite radicale s'est retrouvée chez le raïs pour lui prêter allégeance comme dans certaines monarchies. Image fort dégradante pour nos vieux opposants. L'UFP tente de s'arrimer à une sorte de bouée de sauvetage en faisant feu de tout bois pour la promotion de la concertation/dialogue à laquelle presque tout le monde adhère à juste raison. Biram a préféré remiser ses armes au placard. Alors qu'il aurait dû se battre, ne serait-ce que pour obtenir la légalisation de son courant non reconnu en véritable parti politique. Quant aux dirigeants de la CVE, leur mutisme datant de longue date, doit décourager les militants. Et les Islamistes de Tawassoul sont, tantôt mollement critiques, tantôt bénis oui oui.
Le pouvoir en place n'a pourtant pas intérêt à un tel unanimisme. Les unanimismes n'ont jamais été une planche de salut pour des régimes démocratiques. Au contraire, ils sont une porte ouverte à tous les dérapages, les révoltes spontanées, et une forme d'anarchie qui finit par dépasser tout le monde.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.