La concertation fait partie des bonnes pratiques qui devraient être insérées dans les traditions de la République.
Ces valeurs, censées faire l’objet d'un consensus entre les Mauritaniens, se nourrissent, pour l'essentiel, de la culture du dialogue.
Il est, donc, bien permis et même nécessaire d'instituer la concertation permanente entre les partenaires politiques.
Mais la concertation ou le dialogue, comme certains aiment l’appeler, peu importe, d'ailleurs, l'appellation, ne doit pas être un prétexte pour tourner en rond, autour des interminables polémiques.
En effet, il bien difficile, ne serait-ce que d'un point de vue méthodique et en termes de priorités, d'obtenir un accord politique sur certaines questions controversées.
De même, la concertation ne doit pas être une opportunité offerte aux politiciens pour l'obtention d'une légitimité qu'ils n'ont pas pu acquérir par les urnes.
Partant de ce constat, la concertation attendue entre les partenaires politiques ou entre certains d'entre eux devrait, à mon avis, se concentrer sur trois axes principaux :
Premièrement, la concertation ou le dialogue doit être l'occasion de préparer les prochaines élections législatives à travers un accord entre les participants sur la nécessité d'organiser des élections conformément aux critères de la transparence, universellement admis.
Cette condition préalable implique la ferme application du principe de l'impartialité de l'État ainsi que l'obligation faite à l'administration publique d'appliquer les critères précités.
Dans une telle perspective, il ne serait plus utile de recourir aux services de la commission indépendante d’élections.
Nécessité d’une démocratie apaisée
En tout cas si l'État garantit, par sa propre administration, des élections libres et transparentes, cela serait en soi, la plus importante réalisation de son Excellence Monsieur le président de la République, lequel avait promis, dans le discours inaugural prononcé lors de sa campagne électorale, d'être le Président de tous les Mauritaniens.
De même, la mise en œuvre de cette condition permettra, à coup sûr, de redessiner la carte des partis politiques.
Le parti majoritaire qui se constituerait après des élections législatives transparentes sera, en tout cas, bien différent du parti actuel, lequel fut bâti, lors de son congrès, sur des fausses unités de bases.
La nouvelle carte des partis politiques aboutirait, également, à l'abandon de l'institution du leader de l'opposition. Il convient de souligner que cette institution a été créée dans des conditions historiques bien connues. Or ces conditions objectives n'existent plus et, par conséquent, ladite institution, devenue une coquille vide, n'a plus sa raison d'être.
Le second axe concerne l'action du gouvernement ainsi que la nécessité de l’interpeller, de manière continue, pour qu'il rende compte sur ce que ses membres ont réalisé ou pas réalisé, chacun en ce qui le concerne.
En somme, il s'agit d’évaluer, objectivement, en bien et en mal, le bilan du gouvernement, à la lumière de ses engagements.
Certes, ceci relève, formellement, de la compétence des députés mais cela correspond, aussi, à une attente bien partagée. Cette attente qui constitue un centre d'intérêt pour la société civile se situe, en outre, au cœur des préoccupations des citoyens.
De toute manière, une concertation politique qui se veut porteuse de résultats passe, forcément, par un examen contradictoire de toutes les questions soulevées dans le débat public.
C'est dans ce volet que les divers partenaires pourraient, par exemple, échanger sur la sempiternelle question de la gabegie et aller au-delà en élaborant un contrat programme national sur les conditions requises pour une bonne gouvernance.
Dans cet ordre d’idées, la concertation devrait traduire, sur le terrain, une volonté politique réelle de tenir compte de toutes les idées positives qui sont de nature à favoriser une démocratie apaisée et à contribuer au progrès économique et social du pays.
Les contributions sur les troisièmes axes devraient porter sur la politique étrangère du pays.
Traditionnellement et en vertu de la constitution, la politique étrangère est considérée, comme le domaine réservé du président de la République.
Naturellement, rien n'interdit , à celui-ci, d'instituer un mécanisme de concertation, dans le but d'associer, autant que possible, les divers partenaires politiques à l'élaboration de la politique étrangère du pays.
Dans ce cadre, la concertation se doit de viser, avant toute autre considération, la réalisation d'un consensus sur la défense commune des intérêts nationaux de la Mauritanie.
Nous avons beaucoup souffert, dans le passé, de l'alignement d'une partie de la classe politique censée influencer l'opinion publique, sur des positions dictées de l'étranger. D'ailleurs nous continuons de subir les effets négatifs d'un tel alignement.
Par conséquent, il est grand temps de se dire la vérité, dans ce domaine bien sensible, pour pouvoir défendre face à l’extérieur, avec la même voix, les intérêts nationaux de notre pays. Crûment dit, le Mauritanien qui fait la politique doit être un pro Mauritanien.
Il reste à préciser que cette opinion, strictement personnelle n'a fait l'objet d'aucune concertation préalable et qu'elle a été traduite de l'arabe en ce qui constitue, en soi, une trahison aux yeux de certains partisans de la vielle guerre des langues. Mais ça c'est leur problème et c'est un autre problème.
Abdel Kader Oud Mohamed