Il y a quelques semaines, le patronat mauritanien annonçait l’ouverture de 300 boutiques à Nouakchott. L’objectif souligne–t-on, est d’endiguer la hausse des prix constaté dans les marchés en mettant à la disposition des citoyens des produits de première nécessité, à des prix subventionnés. Prévues pour une période de 6 mois renouvelable, ces boutiques fournissent le sucre à 230 UM le Kg, le riz à 255 UM le Kg, le blé 150 UM le Kg, l’huile à 580 UM le litre, les pâtes à 300 UM le Kg, le lait en poudre à 750 Um le Kg.
Mais au lieu de l’ouverture de points de vente spécifiques comme les boutiques EMEL ou Opération Ramadan, la fédération du commerce a choisi de déposer ses produits dans des boutiques privées dans différents quartiers de la capitale, avec une enseigne sur laquelle on peut lire « Opération 2021 ». Une décision qui interroge dans la mesure où il n’y a aucune différence, pour le citoyen, en tout cas, entre les produits du patronat et les boutiquiers privés, et qui fait craindre, par conséquent, un sérieux conflit d’intérêt.
A la question de sa voir comment pourrait-on distinguer ses produits de ceux du patronat, un tenancier d’une épicerie répond : les prix avant d’ajouter que les citoyens viennent s’approvisionner chaque jour et que les produits sont livrés le matin et servis aux citoyens demandeurs.
Même si cette décision intervenue au lendemain d’une audience accordée par le président aux hommes d’affaires est louable, son impact risque de rester peu significatif pour le panier de la ménagère, car ce sont les mêmes commerçants, venus, pour disent-ils, proposer des prix abordables aux citoyens qui valsent les étiquettes de leurs produits sans hésiter. Cette opération qui aurait pu soulager les populations démunies risque fort de connaitre le même sort que celles qui l’ont précédé (EMEL, Opération Ramadan).
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?