... tant à l’interne qu’à l’international ‘’
Le Calame : La Cour Suprême vient de débouter la défense de l'ancien président qui contestait le placement en détention de leur client. Comment avez-vous accueilli cette décision de la CS?
Me. Brahim Ebety : En tant qu’avocat de la partie civile – État de Mauritanie – dans une procédure pénale où mon client est partie jointe à l’action publique engagée et dirigée par le Ministère Public contre l’ancien Président de la République portant sur des infractions de corruption, d’abus de biens publics, d’utilisation de la puissance publique, du nom et des services de l’État pour s’enrichir et enrichir les siens, du blanchiment d’argent, d’enrichissement illicite et tant d’autres infractions répertoriées par le réquisitoire introductif du pôle du parquet anti-corruption et qui font l’objet d’instruction par le pôle des juges anti-corruption, je dois vous dire que la décision de la cour suprême portant rejet du pourvoi en cassation interjeté contre l’arrêt de la chambre d’accusation confirmatif de l’ordonnance du pôle des juges anti-corruption portant placement en détention de l’ancien président de la République n’engendre, en raison de mon positionnement d’avocat de la partie civile, aucun sentiment en ce sens que le commentaire des décisions portant sur les différentes mesures ayant trait à la détention est du domaine du Ministère public que dirige le Procureur de la République chef du pôle du parquet anti-corruption.
-Vous êtes à la tête d'un collectif d'avocats chargé d'aider l'Etat à recouvrer les fonds dont l'ancien président et certains de ses collaborateurs sont suspectés d'avoir détournés. Où en êtes-vous vous avec les tractations ? Combien de montants ont été saisis?
-Je dois vous dire que c’est seulement en raison du secret de l’instruction qui interdit durant l’instruction la communication des données et informations qui se dégagent de l’enquête préliminaire, des interrogatoires des différents prévenus, des dépositions des témoins et des différentes confrontations qui ont déjà eu lieu que je regrette de ne pouvoir vous édifier et édifier vos lecteurs sur l’ampleur du préjudice souffert par l’État de Mauritanie tout espérant que le moment arrivera où les différents dossiers objet de toutes les infractions commises ne seront plus protégés par le secret de l’instruction pour être rendus publics pour vous permettre d’accéder à toutes les infirmations combien utiles et d’importance haute.
Pour le moment, les avocats de la partie civile – État de Mauritanie – demeurent confiants et suivent avec beaucoup d’intérêt et de satisfaction l’évolution de l’instruction tant à l’interne qu’à l’international tout en respectant leur positionnement de partie jointe à l’action publique et agissent de façon continue à l’effet de contribuer à la localisation et à l’identification de tous les biens meubles et immeubles en relation avec les infractions commises.
-Certains disent qu'en remboursant les fonds détournés, on pourrait abandonner les poursuites contre les présumés auteurs de détournements ? Qu'en pense votre collectif?
-La loi anti-corruption, qui est entrée en vigueur en 2016, encourage fortement tous ceux qui collaborent par la communication d’informations, de renseignements et par la restitution des biens meubles et immeubles lors de l’enquête préliminaire et au parquet et à l’instruction lors des interrogatoires des prévenus, des dépositions des témoins et lors des confrontations et à toute occasion et par divers moyens et procédés mais seul le juge peut apprécier et décider en conséquence
-Beaucoup de mauritaniens ne comprennent pas pourquoi Ould Abdel Aziz est le seul à être placé en détention préventive. Savez-vous pourquoi ? Ce n’est pas gênant?
-Je vous avais dit qu’en raison de mon positionnement d’avocat de la partie civile, il ne me revient pas de commenter une mesure de détention mais comme vous revenez à la charge pour dire que beaucoup de mauritaniens ne comprennent pas pourquoi Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz l’ancien président de la République est le seul à être placé en détention préventive.
Sans donner le moindre commentaire ou sentiment sur la détention préventive de Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz je peux vous dire, tout en me référant à la décision du pôle des juges anti-corruption et des données largement relayées par les médias, que Mohamed Ould Abdel Aziz avait été, à l’instar de tous les autres prévenus, mis sous contrôle judiciaire et que suite à la non observation des conditions mises à sa charge que son régime de contrôle judiciaire a été transformé en régime de détention préventive par le pôle des juges anti-corruption.
Propos recueillis par Dalay Lam