En toute sécurité ?

31 August, 2021 - 20:53

Quatre-vingt pages sur « Les causes profondes des violences et conflits communautaires dans l’espace du G5 Sahel » facturées à 250 000 € ! Presque une bagatelle cependant, au regard des  600 000 € concédées à trente-deux autres pages, rallongées, il est vrai, de diverses annexes et pompeusement intitulées : « Étude sur les dépenses de sécurité et leurs effets d’éviction sur le financement des dépenses de développement dans les pays du G5 Sahel»… Maman Sambo Sidikou, l‘ex-secrétaire exécutif nigérien du G5 Sahel, n’avait manifestement rien à refuser à ses proches, en dépit des difficultés financières de ladite organisation, chroniques depuis sa fondation en 2014.

Révélées conjointement par « Le Canard Enchaîné » et « Confidentiel Afrique », ces très généreuses amabilités font grand bruit. Notamment en ces pays sahéliens parmi les plus pauvres du Monde et d’autant plus que les travaux susdits ne sont, soulignent Hugues Desormaux et Ismaël Aïdara, les co-auteurs de l’article de Confidentiel Afrique, «ni spécialement bien rédigés, ni franchement remarquables par leur contenu ». En bref, des « études-bidons », selon les mots d’un chercheur fort respecté.

Bidons, on croit sur parole ce jugement d’expert. Mais ces études n’en sont pas moins fort instructives : Tertius Zongo, l’ex-Premier ministre du Burkina-Faso, avait à mesurer l’impact négatif des « dépenses de sécurité » sur le développement des pays du G5 ; Niagalé Bagayoko, l’ex-épouse d’un ambassadeur français, avait, elle, à documenter sur les causes profondes des violences au Sahel. Les trois cent quarante millions MRO empochées ont effectivement apporté une des plus pertinentes et lapidaires conclusions à ces recherches. Cinglante et méprisante, certes, pour les peuples sahéliens mais vraiment éloquente… Et, cerise sur le gâteau, suffisante pour hisser Maman Sambo Sidikou au poste plus prestigieux encore de Haut représentant de l’Union africaine au Sahel et au Mali. Il n’y a pas à dire : le Système vit toujours de beaux jours. En toute sécurité ? La question se pose… 

 

                                                                                       Ahmed ould Cheikh