Combien de fois faudra-t-il que l’Afghanistan soit occupé et libéré, dans le sang et la misère, pour que l’Occident, Russie comprise, apprenne à y conduire une bonne politique ? Celle qui fait de tout peuple fier de sa culture islamique un ennemi est contre-productive et présentement irréaliste, au constat de la décadence occidentale sur la scène internationale. En abusant naïvement de sa supériorité au lendemain de l’effondrement de l’empire soviétique, Bush-fils – alias Trump1er… – rata une opportunité historique d’inscrire la suprématie américaine dans la durée. En essayant d’étouffer les Talibans qui ne voulaient que vivre l’idéal médiéval de la majorité écrasante de son peuple hyper-conservateur et fier, les USA n’ont laissé d’autre choix aux mollahs que celui de faire appel à l’islamisme international.
La suite on la connaît. De Ben Laden à Saddam, de l’Afghanistan à l’Irak et à la Somalie, les USA ont dilapidé des ressources dont ils avaient besoin pour faire face à la montée de la Chine et aux menaces des changements climatiques. Vingt ans après les blocus contre les Talibans et l’Irak, l’Amérique est vaincue ici et là, tout comme au Yémen et bientôt au Liban. La politique du « qui n’est pas avec nous est contre nous » relève aujourd’hui de Don Quichotte. La Chine ne cache plus ses ambitions de superpuissance économique et technologique, tandis que la Russie a repris définitivement sa position de pôle militaire, sur le même pied que l’oncle Sam dont les alliances se fissurent en Asie, au Moyen-orient et même en Europe.
Devant ce sombre tableau, les USA doivent comprendre et traiter correctement les peuples, en donnant toutes les chances de réussite à l’Afghanistan des Talibans et en renouant fortement avec le Pakistan. L’Amérique et l’Occident dont le déclin est désormais inexorable peuvent retarder l’échéance fatale en changeant de politique avec l’Islam sunnite car les Chiites sont définitivement perdus sous la pulsion de l’Iran dont la contradiction avec l’Occident est la base idéologique du système et devient une option stratégique, assurant le soutien de la Chine qui ne demande pas mieux que de déloger, du Moyen-orient et de l’Afrique tant occidentale qu’orientale, le désormais de papier tigre états-unien.
En se dégageant militairement du Moyen-orient, en respectant la volonté des peuples, tout en aidant économiquement les États en difficulté, les USA se donneront la chance de mieux maintenir la paix et la stabilité dans le monde arabe, économisant au passage les coûts d’onéreuses situations conflictuelles dont l’issue est plus que jamais incertaine.
Mohameden Habibou Rahmane