Suite au deuxième anniversaire de l’investiture du président Mohamed ould Cheikh El Ghazwani, Le Calame avait donné, la semaine dernière, la parole à un échantillon représentatif de la majorité au pouvoir et de l’opposition, pour dresser le bilan des deux premières années du mandat. Si tous s’accordent sur un point : la pacification de la scène politique où les acteurs étaient à couteaux tirés durant la dernière décennie ; leurs avis divergent, parfois profondément, sur l’évaluation dudit bilan. Pour les représentants du camp présidentiel, la situation n’a jamais été aussi bonne, malgré le Covid-19, l’état catastrophique dans lequel ils ont trouvé le pays et la crise économique mondiale. Et de citer un certain nombre de réalisations« fondatrices », comme la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire ou l’octroi de l’assurance-maladie à cent mille familles démunies. Pour l’autre camp, rien n’a fondamentalement changé :le même système persiste ;les sujets qui fâchent, comme l’esclavage et ses séquelles, le passif humanitaire, la question nationale ou les inégalités sociales, sont toujours sur la table. Pire, l’opposition a perdu la voix, comme anesthésiée par les promesses du nouveau pouvoir qui continue pourtant à recycler nombre symboles de la décennie tant décriée.
Verre à moitié plein ou à moitié vide ? Incontestablement, Ghazwani a imprimé sa marque : humilité et pondération dans l’exercice du pouvoir, construction pas-à-pas de son projet, écoute relative de l’opinion…. ; mais que de laissés-pour-compte, oublis criants et autres zones d’ombre, pour ne pas dire entretien de pourritures ! La permanence de l’État justifie-t-elle de s’acharner à prétendre faire du propre avec du gâté ? Des situations – plus encore que des personnes – douteuses, voire carrément délétères, perdurent ; le danger d’explosions sociales demeure… Grandit ? Ce n’est pas jouer à Cassandre que d’en examiner l’hypothèse : la chose publique est réellement malade et si l’on peut s’accorder sur une médecine plus douce que chevaline, encore faut-il d’abord s’entendre sur un diagnostic lucide…
Ahmed Ould Cheikh