Comme tout président de son époque sachant utiliser les nouvelles technologies à bon escient, il arrive à notre nouveau guide éclairé de tweeter de temps à autre, pour souhaiter bonne fête à ses compatriotes, leur présenter ses condoléances ou leur annoncer une bonne nouvelle. Une pratique qui inaugure une nouvelle ère dans la communication présidentielle. Jadis emmurés dans leur tour d’ivoire, nos leaders successifs faisaient très peu cas de leur opinion publique, se contentant assez souvent de se faire interviewer par des organes de presse étrangers, alors que la presse locale suffisait amplement. À l’exception notable d’Ould Abdel Aziz qui la convoquait pour un oui ou un non, passant des heures à tirer sur ses adversaires et à se tresser des lauriers. Une opération qui tourna plus d’une fois au fiasco, l’homme n’arrivant jamais à maîtriser la moindre contrariété à ses augustes propos. D’un tempérament beaucoup plus posé que son fougueux prédécesseur, Ghazwani ne s’est prêté à ce jeu qu’une fois, il y a un an et demi environ, et s’en est plutôt bien sorti. Depuis, c’est sur Twitter qu’il a jeté son dévolu. À la veille de sa visite au Trarza, commencée et achevée le lundi 5 Juillet, il adressait ainsi un message qui fera date : « J’ai l’intention de visiter quelques localités au Trarza lundi prochain et je veux voir les choses telles qu’elles sont, sans maquillage ni fioritures. Je ne veux pas qu’on répare ou qu’on nettoie une route pour cette visite. Mon objectif est de voir et d’entendre directement les populations, sans intermédiaires. Je ne veux pas de compliments. Le pays en a assez des laudateurs. Quand je regarde les visites de mes prédécesseurs, je me demande comment les gens acceptent de se faire guider comme des moutons pour de tels carnavals. Ma visite au Trarza, je la veux différente des autres. Si vous êtes vraiment sincères dans votre soutien, aidez-moi à être différent des autres présidents qui, sans exception, ont pris le même chemin avec le résultat que l’on sait. »
Vous pouvez toujours rêver. Ce tweet n’a jamais vu le jour et la visite durera jusqu’à plus soif. Il est pourtant plus que jamais d’actualité, quand on voit le déploiement sans précédent de moyens matériels et humains auxquels cette visite a donné lieu. Des pontes des différentes moughataas de la wilaya se sont donné le mot d’ordre de tout faire pour mobiliser le plus de monde possible. Des pratiques qui avaient cours au cours des dernières décennies et qui continuent de plus belle. On se croyait dans une nouvelle ère où le pouvoir serait moins personnalisé mais on a vite déchanté. Chassez le naturel….
Ahmed Ould Cheikh