Le secrétaire général de l’une des plus importantes centrales syndicales du pays, la CLTM, en même temps président du Mouvement El Hor et vice-président du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Harratines dénonce l’« ostracisme » dont il serait victime de la part du pouvoir. A en croire ce leader de la tendance dure du Mouvement Harratine, le président Mohamed Cheikh Ghazwani a continué la même politique de marginalisation dont lui et les Harratines sont victimes depuis des années. Et pour étayer son accusation, le secrétaire général de la CLTM rappelle que sous le règne d’Ould Abdel Aziz, il a été victime d’un embargo qui s’est traduit par sa suspension du Conseil Economique, social et environnemental, du Conseil d’administration de la CNSS, la privation de la CLTM de subventions publiques allouées aux organisations syndicales en 2019 alors qu’elle est de loin l’une des plus représentatives du pays, l’interdiction de participer à certains forums internationaux... Aucune de ces injustices n’a été levée par le pouvoir actuel, regrette Ould Beye qui estime que l’actuel président qui marche sur le sillage de son prédécesseur, Ould Abdel Aziz sous le règne duquel l’exclusion des Harratines a atteint son paroxysme. Pour le Sg de la CLTM, le successeur du tombeur de Sidioca pratique la même politique d’exclusion en refusant d’organiser un dialogue franc et sincère et d’accéder aux doléances des Harratines. Non seulement le président Ghazwani n’a pas voulu le recevoir, comme il l’a fait avec les autres acteurs politiques mais s’oppose à toute discussion sur la question de l’esclavage, dénonce Ould Beye. Et de s’interroger : comment peut-on diriger ce pays en prêchant la justice et le renforcement de l’unité nationale sans mettre sur la table ces deux questions primordiales ? On ne peut pas prêcher l’égalité et la justice en excluant la plus importante composante de ce pays, à savoir les Harratines, note Ould Beye.
Samaroy Ould Beye suspecte le pouvoir de continuer à lui faire payer la correspondance qu’il avait adressée, en janvier 2017 au secrétaire général des Nations Unies, Banki Moon et dans laquelle il avait lancé un SOS pour les Harratine de Mauritanie. Dans ce document de 8 pages, le secrétaire général de la CLTM avait passé en revue, et sans détours toutes les « éléments constitutifs » de la marginalisation des Harratines de Mauritanie de la part du système qui gouverne le pays depuis des décennies.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».