Après une interview-fleuve à Jeune Afrique où il s’est attaqué, comme à son habitude, à tout ce qui ne bouge pas selon ses vues, pouvoir et opposition dans un même sac, Ould Abdel Aziz a remis le couvert mercredi dernier lors d’une nouvelle conférence de presse. Depuis son mariage contre-nature avec le parti de Saad ould Louleïd, l’ex-Président semble sur des charbons ardents. Fort significative, sa hâte à croiser le fer avec ceux qui, selon lui, sont en train de le diaboliser et de réduire « sa » décennie à une page sombre de notre histoire nationale. Et il ne s’est pas privé, notre ex-guide éclairé (à l’énergie solaire– of course ! – après avoir été pris en flagrant délit de fraude à l’électricité) : suffisant à souhait, impulsif, parfois colérique, il s’en est pris… à tout le monde !À ses interlocuteurs d’abord dont il a menacé de renvoyer la moitié « s’ils ne se calmaient pas » (sic !). Au pouvoir qu’il accuse de se détourner des problèmes essentiels du pays. À l’opposition qui a démissionné. Aux députés qui ont reçu, dit-il, trois cents millions d’anciennes ouguiyas pour approuver la fondation d’une commission d’enquête parlementaire et dont les salaires ont connu une augmentation sensible. Une requête que lui-même avait rejetée, menaçant de dissoudre l’Assemblée si le budget de l’État n’était pas approuvé dans les 48 heures. À la presse et aux bloggeurs que l’augmentation des budgets de fonctionnement des différentes structures de l’État permet, dit-il encore, de « calmer » dorénavant. À l’armée qui n’est pas exempte de mauvaise gestion, surtout du temps où il était aux affaires et malgré ses efforts à réduire son train de vie…
Malgré deux heures d’horloge et de logorrhée incoercible, le public est resté sur sa faim. L’homme qui promet à chaque fois des « révélations », se contente de s’écouter, ressassant la même litanie. Rien sur « la » question qui fâche et à laquelle tout le monde cherche une réponse : d’où provient l’immense fortune qu’il a accumulée en onze années de pouvoir ?Un nœud gordien qu’il faudra bien trancher un jour ou l’autre et qui lui semble toujours coincée en travers de la gorge. On comprend certes son angoisse et son besoin de se rassurer en hurlant désespérément au complot. Mais on n’en exigera pas moins l’extraction. C’est qu’il s’agit, mon bon monsieur si soucieux du bien commun, d’une affaire publique : ce n’était pas d’une société anonyme dont vous étiez le président…
Ahmed Ould Cheikh