La nuit des longs couteaux
La capitale économique Nouadhibou connaît ces temps-ci une hausse sans précédent de la criminalité. Certes cette grande ville en fut toujours un pôle : le meurtre du jeune Ould Jelvoun en 2019 et celui de la jeune fille restent dans les mémoires ; en 2009, un vieux gardien avait été décapité par des étrangers appartenant à une secte vaudou qui avaient éparpillé ses membres en différents endroits... Cette ville industrielle et portuaire reçoit des centaines de subsahariens en route vers l'Europe. Ces expatriés agissent comme chez eux, leurs papiers sont rarement contrôlés, leur grande majorité n'a pas de permis de résidence et nombre d’entre eux se livrent à tout genre d'activités illicites... Malgré les efforts des forces de sécurité, Nouadhibou est notamment une plaque tournante des stupéfiants et de l'alcool.
En ce mois béni du Ramadan, un évènement hors du commun a tenu en haleine les autorités et l'opinion publique. Très tôt dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24, vers vingt-trois heures, Abderrahmane passe non loin de la résidence du wali, en plein centre-ville, la rue grouille de monde. Apparemment drogués, trois individus de teint foncé armés de longs poignards et de machettes l’attaquent. L'un d'eux tente de lui subtiliser son portable. Il résiste, un second le poignarde au bras avant de fuir car des passants accourent. Abderrahmane est conduit à l'hôpital et y reçoit des soins appropriés. Une demi-heure plus tard au quartier Kraa Ennesrani – une appellation commémorant le passage des avions de l'Aéropostale de Mermoz et Saint-Exupéry – deux jeunes hommes sont grièvement blessés par encore trois malfaiteurs. Les deux blessés sont admis en urgence à l'hôpital.
Vers minuit, le jeune Mohamed Moctar Bouderbala vient juste de fermer son échoppe à proximité de l'école 8. Marchant dans la rue, le voilà soudain entouré par trois lascars machette au poing. Ils le délestent du contenu de ses poches… avant de le poignarder et fuir ! Les premières personnes accourues au secours ne peuvent malheureusement que constater le décès de l’infortuné. Vers une heure, Mohamed ould Jiyed assis devant son domicile au quartier 5ème robinet, discute au téléphone quand les trois malfaiteurs le rouent de coups de machette, avant de ramasser son téléphone, vider ses poches et disparaître. Évacué d'urgence, le pauvre meurt avant d'atteindre l'hôpital.
Alerte générale ! Les autorités administratives et judiciaires se rendent sur les lieux des crimes et à l'hôpital pour dresser les constats. La direction régionale de la Sûreté ordonne une enquête immédiate. Le DRS en personne veille toute la nuit pour la superviser et en rendre compte au wali dans toutes ses étapes. Très tôt suivie, la piste conduit à une cabane dans un des quartiers périphériques de Tarhil, à côté des Cabanons. La voilà cernée puis investie, trois jeunes hommes en sont extirpés et conduits, menottes aux poignets, au commissariat central. Ebbe ould Boubacar, natif de Sélibaby en 2000, Sidi ould Ahmed Vall et Henoune ould Moustapha, tous deux nés en 2002 à Nouadhibou, avouent avoir perpétré les cinq agressions sous l’emprise d’une bouteille d'eau de Cologne achetée chez un boutiquier de la ville. On arrête celui-ci.
Le carnage de Nouadhibou servira-t-il de leçon aux autorités pour accentuer leurs efforts dans la lutte contre le trafic des drogues trop souvent impliquées dans les crimes ? Les peines judiciaires doivent être aussi plus dures envers ceux qui osent tuer de sang-froid. Lors de la traditionnelle grâce présidentielle, les responsables chargés d’en cibler les bénéficiaires doivent veiller à en écarter rigoureusement les assassins et violeurs entachés de sang.
La bande de la terreur neutralisée
Au cours des deux premières semaines du mois d'Avril courant, les habitants d'El Mina et de Sebkha ont vécu dans la terreur plusieurs nuits durant. Une bande composée de plus de trente jeunes délinquants dirigée par des récidivistes sortis de prison faisait des dizaines de victimes. On les voyait à circuler très tôt, armés de poignard, machette, couteau et tournevis, braquant tout passant. Qui ose tenir tête est battu rudement, parfois grièvement blessé. Ils attaquent des marchés au moment de leur fermeture et en amassent un gros butin. Plaintes et déclarations pleuvent aux commissariats. Des patrouilles arrêtent quelques suspects mais les agressions et braquages se poursuivent. Une famille victime de cette dangereuse bande prend alors contact avec un parent membre de la brigade « Police secours ». Celle-ci tend un piège qui permet d'épingler un bon tiers de la bande dont ses deux principaux chefs. L'arrestation de leurs complices n’a plus été qu’une question de temps. Une vingtaine de ces malfrats est aujourd’hui écrouée, la plupart du reste sous contrôle judiciaire. Les habitants d'El Mina et de Sebkha poussent de gros ouf de soulagement.
Mosy