Quand fin du mois approche, c'est la délivrance chez certains, mais pour beaucoup, c'est la grande dérive.
L'enseignant, lui, a des rapports très particuliers avec le salaire, à longueur de mois si bien qu'il ouvre le peloton des candidats à l'exil.
Salaire de misère? Non pour ne pas insulter ceux d'en dessous qui n'ont même pas une journée payée. Les habitudes de notre honorable savant appauvri de la République sont dictées par ces réflexes acquis qui relèvent d'une éthique et d'un civisme à toute épreuve.
La sobriété est chez l'enseignant une seconde nature. Les sous pour lesquels il a sué sont comptés à la décimale près, pour couvrir les charges de tous ordres, et comme les statistiques ont usé son ardoise, il calcule, soustrait, divise quand il ne peut multiplier dans ses rêves. Généreux avec les chiffres qui ne lui ont jamais rendu la pareille. Heureux avec les mots qui lui apportent réconfort malgré l'irrespect que lui voue désormais la canaille scolaire.
Il s'habille à la pesée, sa femme et ses enfants sont bien connus du fripier plus que du grand couturier du quartier. Il craint plus de croiser le regard du boutiquier que celui de son père.
Non, il y a des priorités !
L'eau, l'électricité et le loyer sont la Trinité qui offusque son existence (vie serait trop présomptueux). Bâtir une maison ? C'est quand aux chameaux pousseront des cornes. Végétera encore durant des décennies avant que relève bien assurée par ses rejetons ne le tire du statut de sans-abri.
Ah le transport! Il vaut mieux se taper les deux que de se ruiner dans des taxis qui vous exigent les deux doigts (vingt ouguiyas) à la place de dix et quand le trajet est saucissonné pour tripler les prix, c'est un suicide économique.
Ma foi, les enseignants sont réputés pour être chiches, mais leur donne-t-on les moyens de déconstruire cette fausse perception? Ils ont eu pourtant la noblesse de former tous ces politiciens dont les enfants, à la récré, sont surchargés de goûters qui doublent sa DQ.
Il y a évidemment une erreur de casting,
Les enseignants ne devraient pas tirer la queue du diable.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.