Deux hommes poignardés à mort à Nouadhibou à quelques minutes d’intervalle ; une jeune fille égorgée à Nouakchott où il ne se passe pas une nuit sans qu’un meurtre ne soit signalé dans une des zones de non-droit où pullulent les gangs ; vols à main armée en plein jour, viols à répétition : l’insécurité atteint désormais des proportions inquiétantes. Malgré la multiplication des commissariats de police, les rondes nocturnes de la Garde et de la gendarmerie, les numéros d’urgence mis à la disposition des citoyens, rien n’y fait. La situation devient de plus en plus intolérable. Plus personne ne se sent en sécurité chez lui. C’est à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, qu’une bande armée, trop souvent sous l’emprise de psychotropes, peut débarquer dans un domicile, agresser ses occupants et les délester de leurs biens. S’il est vrai que la police obtient souvent de bons résultats lorsqu’il s’agit d’élucider des affaires de grand banditisme ou de meurtre, le ciel ne s’est pas éclairci pour autant. La faute à qui ? À une justice qu’on dit souvent complaisante et dont les peines ne sont pas appliquées avec toute la fermeté requise ? À une société qui a perdu ses valeurs et ses repères et n’a pas réussi à intégrer ses fils ? Aux familles qui ont échoué dans leur éducation ? Sans doute un peu de tout cela. Faut-il pour autant baisser les bras et dire que c’est une évolution « normale » ? Que la criminalité est le corollaire d’une urbanisation galopante ? Ou, plutôt, d’une paupérisation quasiment statutaire de trop de gens ? Où sont les perspectives de profit et d’avenir, pour notre jeunesse ? La gazra, comme naguère ?
Ahmed ould Cheikh