La facilité déconcertante avec laquelle un individu a pu déjouer les règles de sécurité, en se faufilant jusqu’au tarmac et prendre possession d’un avion- heureusement vide, en dit long sur la situation qui prévaut dans un aéroport où rien ne doit être laissé au hasard. Imaginez si cette personne était armée ou tenait par devers elle une bombe, même artisanale. Ou l’avion bondé de monde. Certes rien de tout cela ne s’est produit mais l’alerte a été chaude et doit servir de leçon pour éviter que l’irréparable ne se produise. Des questions se posent : Comment ce monsieur a-t-il pu atteindre le tarmac ? A-t-il enjambé le mur ? Pourquoi les caméras de surveillance ne l’ont-elles pas repéré ? N’y en avait-il tout simplement pas ? Comment a-t-il pu entrer dans l’avion ? Parla passerelle ? Que faisait-elle alors là, puisque l’avion était au parking ? Il est un secret de Polichinelle qu’il règne, sur le plan sécuritaire, une belle pagaille à l’aéroport Oum Tounsi dont les premiers responsables ne sont autres que ceux censés veiller à sa sécurité. N’importe qui peut s’introduire jusqu’à la salle d’embarquement sans être inquiété, pourvu qu’il soit bien épaulé.
Tout le monde garde encore en mémoire l’histoire du policier qui avait apporté, il y a quelques années, une arme à un apprenti terroriste à l’intérieur d’un avion qu’il tenta de détourner sur Las Palmas avant d’être maîtrisé par le commandant de bord et quelques passagers. Le policier fut révoqué… avant d’être réintégré.
Il paraît nécessaire de confier la sécurité à une société privée qui a déjà fait ses preuves ailleurs et qui appliquera, à tout le monde sans distinction, de strictes et rigoureuses mesures. La tâche ne lui sera pas aisée, on lui mettra beaucoup de bâtons dans les roues. Mais aussi vitaux puissent paraître, à certains, les intérêts économiques que touchera une telle décision, ils ne le seront jamais autant que celui, tout simple et décisif, de la survie de tous : un voyage en avion n’est pas une promenade à dos d’âne… Le bien commun n’est pas une vue de l’esprit : c’est d’abord une réalité concrète dont la primauté doit s’imposer à tous.
Ahmed Ould Cheikh