Le vendredi 5 mars 2021, l’ancien palais des congrès de Nouakchott a abrité une rencontre sous forme d’une assemblée générale d’anciens ministres de Mauritanie, organisée par un groupe d’entre eux, autoproclamé « bureau provisoire ».Un grand nombre de personnalités qui ont eu à exercer cette importante fonction dans notre pays, toutes générations confondues depuis l’indépendance, étaient présentes à ce rassemblement. L’ordre du jour de cette réunion était consacré à la création d’une association regroupant tous les anciens ministres de notre pays.
Or, il se trouve que déjà détenteurs du récépissé numéro 0074, délivré le 13 avril 2020 par le ministère de l’intérieur et de la décentralisation, les auteurs de cette initiative, au demeurant très louable, avaient déjà bouclé la boucle, depuis plus dix mois.
Pourquoi dès lors, ont-ils éprouvé le besoin de réunir tout ce monde pour créer une association qui existe déjà et qui a même commencé, depuis quelque temps, à s’activer comme interlocuteur reconnu par l’Etat qui a coopté, pour son compte, des représentants dans plusieurs de ses institutions récemment créées ?
Se seraient-ils aperçus qu’ils sont partis un peu trop vite en besogne, sans mandat approprié et qu’il était plus judicieux, sans rien concéder de leurs « droits d’auteurs » d’essayer de régulariser cette situation en faisant endosser leur ‘’bureau’’ par un plus grand nombre de personnalités concernées ?
Il leur aura fallu, semble-t-il, pour envisager ou plus exactement pour accepter d’organiser cette réunion ‘’de rattrapage’’, que des personnes extérieures au noyau de leur groupe initial, le leur aient instamment conseillé.
Ce ne serait donc que pour se doter d’un minimum de légitimité et surtout éviter de ruiner la confiance et les bonnes dispositions dont les plus hautes autorités du pays ont fait montre à l’égard de cette bonne initiative, que nos amis ont dû se résoudre à élargir l’éventail de la participation à travers l’organisation de cette assemblée générale.
Informé moins d’une semaine avant, sur la tenue de cette réunion et sur la nature des démanches qui ont abouti, en vase clos, à la naissance prématurée de Wissam, je me suis d’abord proposé de ne point assister à ce qui, à mes yeux, ressemblait clairement à une tentative d’instrumentalisation rétrospective.
Et , bien que j’en ai longuement discuté avec quelques amis et collègues qui partageaient mon scepticisme et qui, eux, ont choisi de s’abstenir d’y aller, je me décidai quand même à participer à cette rencontre pour deux raisons essentielles :
La première réside dans le fait qu’une telle association ou tout autre cadre similaire est susceptible de promouvoir et de préserver un minimum de dignité et de considération à l’égard de cette catégorie d’hommes et de femmes souvent marginalisés chez nous alors qu’ils avaient, à un moment ou un autre de leur parcours, incarné notre pays à de très hauts niveaux de responsabilités.
Attitude positive du pouvoir
La deuxième raison, qui n’est pas la moindre et qui m’a davantage incité à faire acte de présence à ces assises, est l’attitude positive et plutôt inédite observée à cette occasion par les plus hautes autorités de notre pays. Non seulement elles n’auraient pas lésiné sur les moyens nécessaires à l’organisation matérielle de cet événement qu’elles auraient prise en charge mais elles auraient en plus prévu de nous honorer par la présence effective de monsieur le Premier ministre qui devait ouvrir lui-même, les travaux de cette Assemblée générale. Pour moi, ce généreux clin d’œil, sans précédent, mérite d’être apprécié à sa juste valeur.
Pour ces deux raisons, j’ai donc participé non seulement à l’ouverture de ce congrès mais aussi aux travaux de ses deux commissions et de sa deuxième plénière jusqu’à sa clôture, pour tenter, à l’instar d’autres collègues, de sauver ce qui pouvait l’être d’un attelage dont la charrue placée avant les bœufs depuis plus de dix mois, s’obstine à en tirer, exclusivement toutes les ficelles.
Peine perdue car, au final, entre autres aberrations dénoncées par nombre de participants, ce comité provisoire est parvenu à monopoliser tous les postes de l’organe permanent de cette association. Non seulement mais aussi au plus grand mépris de ses propres statuts adoptés quelques minutes auparavant et qui n’en prévoyaient qu’un seul, il a, sans état d’âme, placé quatre de ses membres en qualité de vices -présidents sur la liste du bureau exécutif.
A l’issue de ces travaux, on ne peut que déplorer, sous prétexte d’avoir entrepris les premières démarches administratives relatives à la création de cette association, que ce groupe se soit cru en droit d’en accaparer le principal organe exécutif. Je suis surtout profondément désolé de constater, à cette occasion, jusqu’où la désinvolture de ces amis ait pu bénéficier d’une posture aussi complaisamment résignée de l’écrasante majorité de l’assistance.
En tout état de cause et nonobstant tout ce qui précède, je préfère, contrairement à d’autres amis plutôt définitivement désabusés à égard, continuer à croire et à prier pour que les frères et sœurs qui se sont ainsi imposés à la tête de cette association, sachent utiliser à bon escient l’opportunité offerte par les pouvoirs publics et se hisser au niveau de responsabilité requis pour en faire un outil efficient au service du pays et de la solidarité entre leurs collègues .
Pour terminer, je voudrais d’avance présenter toutes mes excuses à quiconque se sentirait visé par mon propos qui s’adresse moins à des personnes en particulier qu’à un état d’esprit et à des méthodes qui sévissent chez nous depuis quelque temps et qu’on a au moins le droit de déplorer quand on a pris le risque de participer à ce genre de réunion.