Le dossier de la corruption, dans lequel sont impliqués
l'ancien président Ould Abdel Aziz, deux ex-premiers ministres, plusieurs ministres et des hauts fonctionnaires, bouge enfin.
Malgré la fin de l'enquête préliminaire confiée à la police chargée des crimes et économiques et financiers depuis
quelques mois déjà, le dossier est resté dans les tiroirs pour des raisons que l'opinion publique n'arrivait pas à s'expliquer. A tel point qu'on a craint qu'il ne finisse en eau de boudin. Au grand dam de ceux qui croyaient fort qu'Aziz était intouchable, le voilà réactivé. La direction générale de la sûreté nationale a, en effet, adressé dans la journée du lundi 8 mars 2021 des convocations à tous ceux qui sont cités dans ledit dossier et qui avaient signé les procès-verbaux établis sur la base du rapport de la commission d'enquête
parlementaire pour leur demander de se présenter à son siège le mardi 9 mars 2021 à 8 heures. Dans ce cadre, le premier ministre Mohamed Ould Bilal a informé certains hauts responsables de l'imminence de leur limogeage pour leur permettre de se défendre devant la justice. Parmi ceux-ci il y a:
-Le directeur général de la société nationale industrielle et minière (SNIM) Moktar Ould Diay dont le poste reviendra à Mohamed Vall Ould Tleimidi, un ingénieur qui a fait toute sa carrière dans la société et qui occupait le poste de directeur commercial à Paris
-Le directeur général adjoint du port de Nouakchott
-Le directeur général de la Société mauritanienne de commercialisation du poisson (SMCP), Ahmedou Ould Jelvoune
La directrice générale de la Mauritania Airlines, Amal Mint Maouloud
-Le directeur général de l'ATTM, Ely Ould Elveirek
-Le ministre secrétaire général du Gouvernement, Dia Malal
La police a aussi adressé une convocation à l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz pour se présenter le mardi 9 mars. Selon la source qui rap- porte l'information, la police aurait saisi Asma Mint Mohamed Ould Abdel Aziz pour informer que son père doit se présenter devant la police.
Contacté par Al Akhbar, Me Mohameden Ould Ichidou, le président du collectif de défense de Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré que ces procédures sont ''illégales'', ajoutant que le collectif va étudier la situation et rendre publique sa position incessamment.
Ce mardi, comme prévu, les personnes convoquées, avec à leur tête Ould Abdel Aziz, ont commencé à affluer vers la direction de la Sûreté nationale où un énorme dispositif de sécurité a été déployé. Il est prévu qu'ils soient acheminés dans la journée vers le palais de justice de Nouakchott où ils seront présentés au procureur pour être entendus en présence de leurs avocats. Le dossier sera ensuite transmis au juge avec des recommandations pour soit des mandats de dépôt, soit des placements sous contrôle judiciaire soit des non-lieux.
En attendant un procès qui s'annonce d'ores et déjà retentissant.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».