L’Organisation humanitaire, SOS Esclaves a célébré le samedi, 6 mars, la journée nationale de lutte contre l’esclavage. La cérémonie a eu lieu à son siège social situé à la SOCOGIM PS. Le thème choisi cette année est : « De l’accès à l’état-civil, garant des droits ». Un thème d’actualité. Chaque année, ce sont des centaines, voire des milliers de citoyens qui bravent toutes sortes de désagréments pour obtenir ce sésame. Des queues quotidiennes se forment devant les centres d’accueil des citoyens (CAC) de l’Agence Nationale de recensement et des titres sécurisés (ANRTS). Et certaines composantes du pays, les Haratines et les négro-africains pour ne pas les nommer, ne cessent de dénoncer l’exclusion dont elles se sentent victimes. En effet, sans état-civil, pas de citoyenneté et donc pas de dignité.
Dans un mot qu’il a prononcé à cette occasion, M. Boubacar Messaoud, président de cette organisation pionnière dans la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, connu pour son dynamisme, a réaffirmé la détermination de son organisation à combattre cette violence contre la dignité humaine. Son constat : nous avons acquis la conviction que dans ce pays, il y a une discrimination entre les citoyens, certaines composantes (Haratine et négroafricains) sont systématiquement marginalisées, ce que nous ne pouvons pas accepter parce que nous sommes farouchement opposés à toute forme d’injustice. A l’endroit de ceux qui accusent SOS de ne rouler que pour les Haratines, Boubacar Messaoud précise : « Notre combat n’est dirigé contre personne, nous ne roulons ni pour les Haratines, ni pour les négro-africains, ni pour les Beïdanes, nous nous battons contre l’injustice et pour l’édification d’une Mauritanie égalitaire, juste, une Mauritanie pour tous, et cela, nous ne sommes pas prêts à y renoncer ». Le président de SOS Esclaves s’est réjoui d’avoir écouté avec attention les victimes venues exposer leur calvaire à l’organisation. « Nous n’incitons personne à quitter ses maitres, mais si d’aventure une victime tape à nos portes, nous l’accueillons et lui apportons l’aide nécessaire, nous luttons contre cette pratique parce que nous sommes issus de familles esclaves, nous en avons souffert dans notre chair », a martelé Boubacar Messaoud qui dit ne pas comprendre pourquoi SOS n’a jamais été sollicité par Taazour dont la vocation proclamée est de travailler à sortir les citoyens de la pauvreté. « On ne peut pas réussir ce pari si on ne tient pas compte de l’avis des intéressés », selon lui. C’est pourquoi il a lancé un appel aux autorités pour qu’elles s’avisent et corrigent la façon de lutter pour éradiquer l’esclavage. Enfin le président Boubacar a remercié tous ceux qui mènent, avec courage et détermination, ce laborieux combat et a réaffirmé son engagement à poursuivre le militantisme.
La cérémonie a été l’occasion pour des victimes ou rescapés des pratiques de l’esclavage de livrer des témoignages poignants sur leur calvaire, d’une part et remercier ensuite SOS pour avoir contribué à leur sortie de situation de servilité, d’autre part. Elles sont venues de l’Adrar et de Bassikounou (Hodh Charghi). Elles ont raconté leur situation d’hier et indiqué qu’elles et leurs enfants sont confrontés à l’autre calvaire qu’est l’état-civil. « Nos enfants n’ont pas de papiers d’état-civil et tout est fait pour les en empêcher ». Elles ont indiqué avoir bénéficié, de la part de SOS de cours d’alphabétisation et d’activités génératrices de revenus. Abondant dans le même sens, les coordinateurs du Hodh Charghi et celui de Bassikounou ont dénoncé les obstructions manifestes des autorités administratives et des centres d’état-civil. Elles veulent réduire à néant ces populations, selon eux.