« Où va la Mauritanie ? » : l’essai publié il y a quelques années par Isselmou ould Abdelkader mérite plus que jamais son titre. Une question à laquelle avait répondu feu Habib en son temps : là où va son Président. C’était au plus fort des « visitations » de Maaouya à l’intérieur du pays. Autres temps… Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le pays s’est tapé onze ans d’une bourrasque sans nom auxquels a succédé une situation tout aussi… innommable. Malgré un vent favorable et tous les ingrédients d’une transition réussie, le pays n’arrive toujours pas à amorcer un virage qui le délesterait, non seulement, des pratiques qui lui ont fait tant de mal mais, aussi, de leurs auteurs. Dont certains s’accrochent encore désespérément à un train qui cheminait apparemment dans les sentiers battus. La faute à qui ? À un pouvoir qui refuse d’aller dans le sens des réformes que tout un peuple attend, qui cherche à ne froisser personne et freine des quatre fers pour ne pas aller au bout d’une procédure enclenchée depuis plus d’une année contre une poignée de prévaricateurs ? À une opposition, dont les leaders reçus désormais en grande pompe au palais présidentiel n’aspirent qu’à cette reconnaissance, après avoir été tant frappés d’ostracisme ?À une société civile si peu organisée et sans aucune influence, contrairement à ce qui se passe ailleurs ? Quelque chose cloche, en tout cas. Au lendemain du 1erAaoût 2019, on pensait qu’on était à un tournant et qu’on en avait fini avec une décennie de malheurs. Mais, un an et demi plus tard, on a tous l’impression de patiner surplace. Secouer le cocotier, on n’en demande pas plus. Qui ? That is the question.
Ahmed ould Cheikh