Le président de la Cour des Comptes est censé connaitre le contenu du rapport qu’il a remis au président de la République. Quand il déclare, à l’issue de l’audience, qu’il est nécessaire de faire face à la gabegie, c’est que la pêche à la mauvaise gestion n’a pas été infructueuse. Reste à savoir si les plongeurs de la Cour sont descendus jusqu’au fond pour une pêche en eaux profondes ou se sont limités aux espèces de surface.
En fait, le rapport remonte à l’année 2018, ce qui laisse supposer que les déprédateurs, qui auraient été repérés à l’époque, ont eu le temps de digérer tranquillement. Mais il importe de mettre sur la table des situations concrètes qui offrent à l’Etat l’occasion d’honorer son engagement, pris au plus haut niveau, en matière de lutte contre la gabegie.
Le premier acte attendu est évidemment de lever le voile sur le document en question, comme le prévoit la législation. C’est, à la fois, un gage de transparence du pouvoir et une manière de mettre les auteurs de malversations au ban de la société. On s’attendra ensuite, légitimement, à ce que les personnes mises en cause soient extirpées des rouages de l’Etat, exigence incontournable de la moralisation de la vie publique, en concomitance avec des poursuites judiciaires à leur encontre.
Il faut, en effet, beaucoup plus que les bonnes intentions pour effaroucher nos vaillants prévaricateurs. Seules des actions fortes et déterminées sont à même d’infléchir la pernicieuse tendance au laxisme qui affecte la gestion des fonds publics. Elles sont tout aussi nécessaires pour cultiver une perception sociale hostile au détournement et à l’enrichissement illicite. La conscience civique se nourrit de l’application de la loi.
Mohamed Salem Elouma Memah
Entre citoyens