Notre belle petite belle ville a toujours été réputée par quelque singularité. Tout d’abord cette histoire de moustiques dont beaucoup continuent encore de nous affubler et autour de laquelle se racontent beaucoup d’anecdotes aussi croustillantes les unes que les autres. Comme celle de feu Mohamed ould Mseyke. Le militaire français qui venait de l’arrêter le prévint qu’« Aleg était infesté de moustiques ! » Et Ould Mseyke de répliquer : « Ça, il faut le dire à qui va y passer l’hivernage »…avant de s’enfuir le soir même, dit-on. Ou encore cet échange entre deux quidams : « Comment faites-vous avec les moustiques d’Aleg ? – Maintenant ça va un peu : on peut au moins uriner en marchant ou debout ! »Certains, parmi les gouverneurs de la ville, furent particulièrement célèbres, à l’instar de Baham ould Mohamed Lagdaf, Moustapha ould Mohamed Salek ould Welati ou Cheikh ould Dedde. Il est de fait impossible de parler d’Aleg sans prendre le risque d’oublier beaucoup de personnalités emblématiques qui en marquèrent l’histoire. De grands commis de l’État s’y distinguèrent par leur sagesse et disponibilité, comme feu Vall ould Abdi, le père de mon ami Mohamed ould Abdi. Ancien administrateur, c’est lui qui établit mon acte de naissance à la vieille préfecture d’Aleg et me raconta dans les détails, plus tarden son paisible village d’Elb Ejmel, la mort de Mohamed ould Mseyke. Qui de nous pourrait-iloublier les belles voix de feus Demba Faye ou Kaw Hamet Sarr appelant à la prière ? Qui ne connaît pas le patriarche feu Abdou ould Sambe Vall, surnommé affectueusement Dah, cet infirmier célèbre dans toute la wilaya ? Tous les habitants s’y référaient pour se soigner. Je le revois encore allongé sur son lit, le soir, chapelet en main, attendant l’approche du crépuscule pour se rendre à la mosquée en passant devant les boutiques de feu Nehah ould Tajeddine et Ehel Mahmoud Letaleb dont le père, feu Mohamed Mahfoud « avait toujours le Coran à la bouche ». Quel Alégois ne se rappelle pas des « Lemsetra »,ce groupe d’amis conduits par feu Lehssen ould Meissara que je revois, comme si c’était aujourd’hui, marchant fièrement dans les rues de Liberté, accompagné de feus Lekhzine ould Ahmed, Mohamed ould M’Barek et Toumani, entre autres ? Leur troupe prenait en charge toutes les corvées sociales, de la gestion des cérémonies funèbres au règlement de toutes sortes de malentendus. Ils étaient toujours ensemble, toujours prêts à répondre à la moindre sollicitation. Qui de nous ne se souvient de feus nos papas Mamadou Diallo et Mamadou Katy Camara, deux personnalités respectables réputés pour leur calme et leur empathie et qui nous connaissaient tous ?Ou encore feu Lebatt ould Eleyouta, toujours impeccablement bien habillé, joli turban bien ajusté sur la tête ?Après de bons et loyaux services, ce notable des confins de l’Adrar choisit de résider honorablement dans une ville qui lui vouait tout le respect et la considération que sa grande personnalité méritait. Alors que je passais, encore tout petit, devant sa grande maison, « Viens là ! », m’interpela-t-il, je m’en souviens très bien, « Tu es le fils de Brahim Ould Sneïba ? –Oui », lui répondis-je en tremblant. Alors il passa sa main sur ma tête et me donna je ne sais plus combien d’argent mais largement assez pour dépenser, ce jour-là, à tort et à travers. Comme la boulangerie, la boucherie avait aussi ses professionnels célèbres. Moi, j’ai connu feu Didde, un vendeur ambulant qui baladait son « méziyane »(autre appellation du méchoui) dans un seau, criant de loin en loin« Méziyane, méziyane ! » pour attirer l’attention de potentiels acheteurs. Il y avait aussi feu Mokhtar ould Anwella que je revois avec son pantalon noir, sa chemise kaki et sa grosse pipe en main. La réputation de son méchoui dépassa les frontières de la région. Ou encore feus Djibéry, Hmeïmid, Adama War et son frère Thierno Soulèye. Ce n’était qu’au petit marché de la ville que la viande était vendue. Les bouchers l’accrochaient soigneusement à l’attention des acheteurs qui faisaient le rang pour s’en approvisionner. Avec parfois de rudes batailles qui obligeaient les autorités à mandater un ou de deux gendarmes ou gardes pour organiser la vente. À l’époque, le poisson était un luxe dont peu de gens profitaient. Les rares fois que cette denrée parvenait à Aleg, seuls les quelques fonctionnaires et autres familles relativement nanties pouvaient s’en pourvoir. C’était le temps du « maroutalale » qui ne se mangeait pas comme maintenant dans tous les foyers. C’était le temps où le tagine, les pâtes alimentaires, les fruits et autres petits luxes étaient exceptionnels et ne se voyaient pas tous les jours. (À suivre).
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.