Je l’ai rencontré sur un lit d’hôpital. J’aurais voulu que ma première rencontre avec lui soit dans un autre lieu plus décent. Le destin aura décidé autrement. Les rencontres inopinées valent plus que celles organisées d’avance. Elles sont plus naturelles, dépourvues de protocole et de commodités. Ces derniers dénaturent habituellement la sobriété et la simplicité toujours empreintes d’humanisme d’une telle première rencontre. Je suis resté stupéfait presque paralysé. Je sentis mon visage s’illuminer. J’étais bel et bien devant un grand bâtisseur de la République Islamique de Mauritanie. Un véritable commis de note jeune nation. Il avait un visage qui, malgré la maladie et l’âge, inspirait un profond respect et surtout une très grande sympathie. Pendant dix-huit ans, il a, contre vents et marées, servi loyalement la Mauritanie. Sans détourner de fonds publics, sans amasser de fortune, sans train de vie démesuré.
Je gardai mon silence en le regardant pendant quelques minutes. La visite s’était arrêtée.
Les images de la ville d’Atar s’étalèrent dans mon esprit. J’ai même vu les ruelles de la ville de Chinguity que je n’ai jamais visitée. Les deux villes étaient joyeuses et splendides à cet instant. J’ai profondément aimé toute la tribu des Laghlal. Je me suis remémoré de ses Oulemas, de ses poètes, de ses différentes épopées. J’ai même murmuré à voix très basse un Sybé émouvant.
L’émotion envahit tout mon corps. Je me retournai vers les membres de la visite du jour, et tel un griot lors d’une cérémonie grandiose, je fis l’éloge, pendant de longues minutes, de monsieur Ahmed ould Mohamed Saleh.
Je demande à tous les mauritaniens de prier pour son prompt rétablissement.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.