L’insistance avec laquelle la mairie de Nouadhibou, épaulée par certains médecins et le lobby du ministère de la Santé, a demandé – et obtenu – la fermeture de l’hôpital dit « cubain » de Nouadhibou a laissé plus d’un observateur perplexe. Menant une campagne acharnée contre cette structure hospitalière publique, la seule qui propose des soins de qualité, un accompagnement du malade et un peu d’humanisme (sans recevoir un sou du contribuable), ces intérêts ligués ont fini par avoir gain de cause. Malgré les protestations véhémentes des populations locales qui, unanimes, ont reconnu qu’elles pouvaient se faire soigner, enfin et pour la première fois, par des médecins investis à 100% dans leur mission, interdits d’exercer dans le privé, disponibles 24 h sur 24 et sans autres objectifs que les missions pour lesquelles ils ont été choisis. Comparez cette situation avec n’importe quel hôpital national : c’est carrément le jour et la nuit. Dans quel hôpital un médecin travaille-t-il plus d’un ou deux jours par semaine ? Dans quel hôpital un spécialiste peut-il être dérangé à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour une intervention d’urgence ? Dans quel hôpital les infirmiers de garde veillent-ils sur les malades toute la nuit sans fermer l’œil comme le font les cubains ? Quel médecin public n’a pas son cabinet privé où il passe plus de temps qu’en son lieu de travail ? Certes nos patriciens sont sous-payés. Mais ils ont choisi ce métier ingrat et ont prêté le serment d’Hippocrate. « Je donnerai mes soins à l’indigent… », promet ainsi tout docteur, à la remise de son diplôme, jurant « d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité » ; sans jamais « me laisser influencer par la soif du gain ». Hippocrate, compte donc les hypocrites…
Ahmed Ould Cheikh