Les écoutes téléphoniques qui ont fuité ces dernières semaines n’en finissent pas de faire des vagues. Un réseau de policiers qui approvisionnait l’ex-président Ould Abdel Aziz en écoutes – illégales, soit dit en passant, puisque non ordonnées par un juge dans le cadre d’une procédure judiciaire – aurait été démantelé. Une reconnaissance implicite que ces pratiques ont toujours cours sous nos latitudes. Malgré leur gravité – ne risquent-elles pas de discréditer le travail de la commission parlementaire ? – elles sont en train de passer par pertes et profits. Ailleurs, de telles fuites allaient donner lieu à enquête, poursuites judiciaires, cascade de démissions. Et levée de boucliers de l’opposition en prime. Ici, aucun parti ne les a fermement condamnées. Tous ont y ont vu la main d’Ould Abdel Aziz. Certes l’homme est connu adepte de ce genre de pratiques qui fleurirent tant sous son magistère mais les vocaux n’ont pas été réalisés par ses soins et ne lui sont pas tombés du ciel. Pourtant primordial, cet aspect semble échapper à notre opposition qui fait preuve, du coup, d’une amnésie troublante. Comment expliquer qu’elle ait subitement cessé de dénoncer le maintien du Bataillon de la sécurité présidentielle, le fameux BASEP, cette garde prétorienne dont elle a toujours demandé la dissolution ? Ayant à son actif deux coups d’État en 2005 et en 2008, aurait-il perdu toute capacité de nuisance depuis le départ d’Ould Abdel Aziz ?
Ahmed Ould Cheikh