Une bande professionnelle braque Maurigaz
Il y a quelques nuits, voici la zone du port de Nouakchott couverte par l'obscurité et le froid glacial de la côte. L'usine de recharge de bonbonnes de gaz appartenant à la compagnie Maurigaz est fermée. Cinq hommes de sécurité y veillent, matraque au poing. Vers trois heures du matin, deux véhicules sans plaques d'immatriculation s'arrêtent. Huit hommes en descendent, visage cagoulé. Certains sont armés de pistolet, d'autres de machette. Tenant en respect les gardiens, ils les ligotent un à un. Ils pénètrent ensuite dans un magasin, s'y munissent de grosses barres de fer et se dirigent vers la salle des coffres dont ils ciblent directement celui qui contient la bagatelle de vingt millions d'anciennes ouguiyas. Le voilà cassé et vidé. Puis ils s'emparent de quelques ordinateurs, de la carte-mémoire du central de surveillance, pour ne laisser aucune trace, et de tous les téléphones portables des gardiens. Après quoi, ils disparaissent dans la nature. Mais un petit téléphone a heureusement échappé à la saisie. Un des gardiens parvient à se détacher, libère ses collègues et voilà la brigade de gendarmerie du port alertée. Elle envoie des agents établir le constat pour enquête. Des questions sont posées : qui a informé les malfaiteurs de la somme qui devait être déposée le lendemain à Attijari Bank ? Du magasin abritant des outils aptes à forcer le coffre-fort ? Dudit coffre-fort ciblé parmi tant d'autres ? Il semble évident qu’au moins un des intrus connaissait bien les lieux mais, aux dernières nouvelles, aucune piste n'a encore été levée.
Les imposteurs
Deux jeunes entrepreneurs discutent dans un véhicule garé sur le trottoir de l'avenue de l'Indépendance. Une Toyota Avensis s'arrête tout près. Un jeune homme en tenue – officier de police semble-t-il – en descend, suivi de deux agents. Après le salut réglementaire, il les informe que le commissariat chargé des crimes économiques veut les voir. Surpris et inquiets, nos deux amis n'ont autre choix que d'accepter « l’invitation ». Et de proposer aux nouveaux venus de monter dans leur véhicule mais l'officier répond fermement que ce sont plutôt eux qui vont embarquer avec lui. Ils obéissent donc et la Toyota se dirige vers l’Ouest de la ville. On dépasse le CHN et les deux jeunes s’enquièrent de leur destination. « Vous êtes en état d'arrestation, ne posez plus de questions », s’entendent-ils répondre. La voiture continue vers la plage mais il s'agit de la police et cela rassure les deux « interpelés ». Après la Cité-plage, la Toyota vire dernière Terjit-vacances et roule encore deux kilomètres en zone déserte, avant de stopper, une fois hors de toute vue. « Descendez vite ! », ordonne l'officier braquant son pistolet. Une fois tirés hors du véhicule, voilà les deux malheureux soigneusement fouillés et délestés du contenu de leurs poches : grosses sommes d'argent et téléphones portables… et de leur boubou, en prime !Puis les bandits les abandonnent là et disparaissent...
Le même tour est joué à un commerçant alors qu’il sort de sa boutique pour des achats. On lui subtilise ainsi deux cent mille anciennes ouguiyas. Plusieurs autres personnes en différents coins de la ville ont été également victimes de cette bande de « policiers » et ont toutes porté plainte. La Brigade des recherches (BRB) a été chargée de l'enquête. Avec immédiatement un suspect en ligne de mire : Ahmed Obhoum, un récidiviste incarcéré à plusieurs reprises pour escroquerie et imposture. Le voici aussitôt épinglé et il ne tarde guère à avouer ces forfaits. C’est un calligraphe de ses complices qui lui a fabriqué les enseignes et galons de la police. Tous ces lascars ont été déférés et mis en quarantaine, en attendant d'être écroués.
Une commerçante roulée dans la farine
M.A. est commerçante au marché Capitale. Depuis quelques années, elle voyage en divers pays de la région pour des achats. Elle a amassé pas mal de gains et se soucie maintenant de devenir femme d'affaires. Va-t-elle enfin réaliser son vieux rêve d’établir un partenariat avec un investisseur étranger ? Il y a deux semaines, deux jeunes hommes lui sont présentés par une amie. Ils l'informent de la venue imminente d’un investisseur soudanais invité par leurs soins. « C’est l'occasion ou jamais ! », se dit notre ambitieuse. Les deux jeunes lui promettent de la mettre en contact avec celui-là dès son arrivée. Elle programme alors une grande réception en son honneur. Le jour J, un des jeunes lui téléphone : « Le soudanais est arrivé mais son programme est trop chargé pour vous rencontrer. Voici un numéro de téléphone, si vous voulez lui parler. »La dame s’y empresse et la voici en communication avec quelqu’un parlant le dialecte soudanais. Elle se présente et lui demande d'accepter son invitation. Il fait d’abord part de son emploi du temps surchargé avant d'accepter…à conditions : que la réception ait lieu la nuit hors de Nouakchott, histoire de contempler le paysage nocturne mauritanien ; et que les invités se limitent à eux deux seuls et les deux jeunes intermédiaires. La pauvre dame accepte avec plaisir et envoie des gens dresser une tente loin de la ville. Tous les repas et boissons sont préparés et déposés dans la tente, sans autre occupant que l’hôtesse. Elle téléphone à ses invités, les deux jeunes et le « soudanais », qui ne tardent pas à la rejoindre. Mais après avoir bien mangé et bu, les voilà à s'emparer brutalement du sac de notre commerçante ; trois millions MRO ainsi chapardées ; avant d’abandonner celle-ci et de disparaître. Les numéros de téléphone utilisés par le pseudo-soudanais et ses complices ne répondent plus. Assurément une bande de malfaiteurs spécialisée en ce genre d'arnaque : celle des faux-policiers ? La police tente d’explorer cette piste.
Mosy