55 organisations de producteurs et productrices de lait ont organisé une marche virtuelle ce jeudi 21 janvier 2021, pour appeler les chefs d’états de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à sauver la filière, dans le cadre d’une campagne régionale sous le thème «mon lait est local». Cette manifestation a mobilisé les sympathisants, en les invitant à approuver «une pétition qui a déjà recueilli 36.000 signatures». Elle intervient à 48 heures du sommet ordinaire des chefs d’états de l’organisation ouest-africaine prévu le 23 janvier. Ces 55 organisations sont issues de six pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. La coalition interpelle les décideurs politiques «pour agir en urgence en mobilisant les ressources nécessaires au financement de la Stratégie Régionale de l’Offensive lait pour la mise œuvre de son premier programme d’investissement dans une perspective de promotion des chaînes de valeur du lait local», explique un communiqué de presse.
Le document met en évidence un contexte «de pandémie du coronavirus (COVID-19) qui a entraîné une paupérisation du secteur agropastoral, lequel fait vivre 48 millions de personnes en Afrique de l’Ouest : non seulement on n’arrive pas à vendre notre lait comme on veut mais on subit d’énormes pertes. Si cette activité est arrêtée, il va de soi qu’il y aura plus de nourriture, ni de soins pour notre famille», déplore Halima Tall, productrice laitière au Burkina Faso.
« Déjà fortement concurrencé par des importations de poudre de lait européen bénéficiant de subventions et tarifs douaniers avantageux, le lait ouest-africain a subi les conséquences de la pandémie de COVID-19. Celle-ci a montré partout dans le monde, notamment en Afrique, l’importance des productions locales. Alors que le commerce international et les importations sont fortement perturbés, les transports des personnes et des biens ralentis, voire suspendus, que les économies nationales sont durement touchées, produire localement apparaît comme une solution évidente à court et long terme ».
Un contexte dans lequel les communautés ont plus que jamais besoin d’autonomie vis-à-vis des importations pour créer les conditions d’une réelle résilience.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».