Le Calame : Commençons par une question d’actualité. L’UPR a publié un communiqué pour démentir les informations relayées par la presse selon lesquelles le président de la République va convoquer un dialogue social pour débattre des questions de l’unité nationale et du développement. Quiproquo ou désinformation ?
Abdel Wahab Athié : Tout d’abord, je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vos lecteurs et plus spécialement à nos militants. Pour répondre à votre question et conformément au communiqué déjà publié par l’UPR à ce sujet, les propos prêtés par le journaliste au président du parti ne me semblent pas exacts mais l’UPR, certes bras politique du régime et principal parti de la majorité présidentielle, peut être amené à se prononcer sur divers sujets d’actualité. En ce cas, il ya des canaux de communication plus appropriés pour évoquer ces questions.
-Quels sont justement les rapports que l’UPR entretient avec sa référence, le président de la République et son gouvernement ?
-L’UPR a porté la candidature du président de la République et contribué à sa victoire éclatante, à travers, notamment, de la mobilisation de toutes ses structures sur l’étendue du territoire national. Il est de ce fait un outil politique, un espace de concertations et un instrument de mise en œuvre de la politique et des engagements de son Excellence Monsieur le Président de la République Mohamed Cheikh El Ghazwani. Mais, de manière générale – et ce n’est pas propre à notre pays – les rapports entre le principal parti de la majorité et le président la République sont aussi des rapports de fidélité, visant en particulier à consolider sa base et à renforcer son audience et son action politiques.
Actuellement, l’UPR accompagne la mise en œuvre du programme « Taahoudaati » en contribuant notamment à mettre en exergue les progrès accomplis par le Gouvernement en vue de l’élévation du niveau de vie des populations. C’est dans ce cadre qu’il faut situer et saluer les contacts permanents que le président du parti entretient avec le président de la République et avec le Premier ministre qu’il rencontre régulièrement et avec lequel il échange sur l’ensemble des questions d’intérêt national.
-Où en est l’UPR avec son projet de vulgarisation, décidé peu avant la pandémie, du programme et des engagements du président de la République ?
-En Mars dernier, la direction de l’UPR avait pris toutes les dispositions pour prendre contact avec les militants, simultanément dans toutes les wilayas ; redynamiser les structures et s’enquérir des problèmes des citoyens ; expliquer les nouvelles orientations du parti issues du deuxième congrès national ordinaire ; vulgariser son discours et ses positions sur les différentes questions nationales ; et mettre en exergue les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme de son Excellence le Président de la République, Mohamed ould Cheikh El Ghazwani.
Cependant, les impératifs des mesures-barrières édictées par les autorités sanitaires en vue de lutter contre la propagation de la pandémie ont amené le parti à surseoir à ces missions. Les dispositions prises pour l’envoi de ces missions début-Décembre ont également été annulées,en raison de la seconde vague de la COVID 19.
Entre-temps, l’UPR a organisé un symposium de haut niveau sur la mise en œuvre du programme élargi du président de la République et des ateliers de travail sur les questions nationales stratégiques (renforcement de l’unité nationale, lutte contre les séquelles de l’esclavage, positionnement de la Mauritanie dans la sous-région…). Le parti a également contribué, à Nouakchott et à l’intérieur du pays, aux efforts de sensibilisation des populations au respect des mesures-barrières (distanciation sociale, port du masque, lavage régulier des mains avec du savon…).
-Après la tenue de son dernier congrès en fin Décembre 2019, l’UPR envisage-t-elle de renouveler ses structures de base par une campagne de réimplantation ?
-La question n’est, à ma connaissance, pas encore envisagée. Cette décision sera prise en temps opportun.
-Comment évaluez-vous la gouvernance du président Ghazwani dont certains dénoncent les lenteurs et le silence ?
-Je comprends qu’une certaine opinion soit pressée mais je voudrais juste rappeler qu’en matière de développement, il n’y a pas de solutions magiques. La plupart des problèmes auxquels sont confrontées les populations mauritaniennes sont des problèmes socio-économiques complexes et structurels dont les solutions nécessitent du temps pour la conception, l’étude, la mobilisation des moyens et la mise en œuvre tenant compte des principes d’équité et de transparence.
Dès la mise en place du Gouvernement et sur la base du Programme « Taahoudati », les différents ministres ont élaboré, chacun en ce qui le concerne, un plan d’action sectoriel et/ou multisectoriel de développement. Une grande partie en a déjà été mise en œuvre et le reste est en cours, visant à améliorer les conditions de vie des populations, avec un accent particulier sur les franges plus démunies, les femmes et les jeunes.
Aussi et à titre indicatif, je vous citerais quelques-unes des dix dernières mesures prises par le président de la République et dont la mise en œuvre est immédiate à savoir : le doublement de la pension des veuves, des retraités et leur prestation d’assurance-maladie ; le paiement mensuel des pensions de retraite ; l’augmentation de 50% de la prise en charge des patients insuffisants rénaux et des personnes vivant avec handicap ; l’augmentation des salaires du personnel de la santé de 30%, avec généralisation de la prime de risque ; la généralisation de l’indemnité de craie et son extension sur les douze mois de l’année.
En tout état de cause, je suis convaincu que tous les programmes engagés et en cours d’exécution, notamment le dernier programme des priorités élargies du président de la République, contribueront à accélérer le processus de mise en œuvre de « Mes Engagements » et donc à améliorer les conditions de vie de toutes nos populations, particulièrement les plus démunies.
-Le président de la République a effectué une visite au Gorgol pour lancer la rentrée scolaire 2020/2021. On a vu courir à son accueil tous les cadres de la région. Au cours d’une réunion, les cadres et militants ont exprimé les doléances de leur terroir. Pouvez-vous nous les énumérer succinctement et nous dire ensuite si certaines sont déjà satisfaites ou en voie de l’être ?
-Il importe de relever que le Gorgol est la wilaya la plus représentative de la diversité de notre Mauritanie, qu’elle en est l’une des plus peuplées et que ses populations ont toutes une longue tradition de vie et de solidarité partagées. C’est au regard de cela et des nombreux espoirs suscités par l’avènement au pouvoir de son Excellence Monsieur le président de la République Mohamed Cheikh El Ghazwani qu’il faut replacer la large mobilisation des populations qui lui ont réservé un accueil extrêmement chaleureux, une manière de lui dire qu’il est le bienvenu chez lui au Gorgol et que les Gorgolois, toutes composantes confondues, lui apportent leur solidarité et leur soutien.
En présidant cette réunion, le président de la République, dont une des grandes qualités est sa capacité d’être à l’écoute de son peuple, a donné aux populations du Gorgol l’opportunité de lui faire part, non seulement, de leurs doléances et préoccupations mais, aussi, de leur vision sur les perspectives du pays. Toutes les questions soulevées lors de la rencontre entre son Excellence Monsieur le président de la République, Mohamed Cheikh El Ghazwani et les cadres de la wilaya ont été notées et des solutions déjà trouvées, pour certaines. C’est le cas des problèmes liés à l’agriculture, à l’état-civil, à la santé, tous en cours de règlement. Certes, tout ne pourra pas être réglé d’un coup mais des instructions ont été données et les solutions sont en cours pour régler les problèmes posés.
-L’état-civil reste une des préoccupations majeures des populations de la Vallée qui n’ont pas raté, comme toujours, l’occasion de s’en plaindre. Y-a-t-il eu des mesures prises pour en faciliter l’accès à tous les citoyens ?
-Vous savez, quand je discute avec des amis d’autres wilayas, ils évoquent aussi le même problème d’état-civil. C’est un problème national à régler. Il faut doter tous les Mauritaniens d’un état-civil fiable, c’est un droit. Une commission a été mise en place pour régler cette question, elle est à pied d’œuvre en ce moment dans toute la Vallée, avec la ferme volonté de régler l’ensemble des problèmes en instance et y afférant.
-Les visites présidentielles sont souvent l’occasion, pour les cadres ou, disons, les tendances, d’étaler leurs divergences. Il n’yen n’a pas eu cette fois-ci au Gorgolou très peu, rapportent les observateurs. Comment avez-vous réussi à éviter ces querelles qui étaient pourtant récurrentes ?
-Je pense que les cadres UPR du Gorgol ont été animés du même souci de réussir ensemble, partager l’essentiel et cultiver les convergences. Tous les cadres UPR sont, de façon générale, derrière le parti et acceptent donc de travailler avec ses structures. Mon rôle et ma mission est de fédérer, d’œuvrer pour les convergences, en dépassant toutes les autres sources secondaires de divisions. L’essentiel ici était d’accueillir et de bien accueillir l’illustre hôte. Cela a été fait dans les règles de l’art. Ce dont je me félicite personnellement et j’en profite pour saluer et remercier l’ensemble des populations pour la qualité et la chaleur de l’accueil. Je félicite et remercie aussi le président du parti qui a contribué largement, par sa présence avant et pendant la visite, à la réussite de celle-ci.
En ma qualité de secrétaire fédéral, je fais aussi le maximum pour être au-dessus des considérations partisanes, tout en restant proche de tous les cadres et de la base. Cette attitude permet d’éviter les divisions et donc les tendances qui ne profitent, de toute évidence, à personne.
-L’UPR a organisé, il y a quelques mois déjà, un atelier sur l’Unité nationale et les séquelles de l’esclavage. Quels sens donner à cette initiative et quelle place occupent ces thématiques dans les engagements du président de la République ?
-Dans son premier discours public, le président de la République avait déjà promis de faire son credo de l’unité nationale et de la lutte contre les séquelles de l’esclavage. Comme je le disais tantôt, bras politique du Gouvernement, l’UPR ne peut que se saisir de ces thèmes pour inviter les cadres à en débattre et proposer des solutions dépassant certaines considérations qui n’ont plus droit de cité. L’esclavage fait partie de notre histoire, de notre passé. Nous devons tous, comme nous y invite son Excellence Monsieur le président de la République, le dénoncer et lutter contre ses séquelles. Quand à l’unité nationale, elle doit être notre tâche au quotidien. De toute façon, nous n’avons pas le choix.
Propos recueillis par Dalay Lam