C’est la première fois, aiment à dire les Mauritaniens, que ceci ou cela arrive, a été dit ou fait. Vous savez comment, moi, j’apprends que le Président n’est pas là ? Au seul moment où j’ouvre la Mauritanienne, le mercredi, pour savoir si oui ou non le conseil des ministres m’a nommé ! Et là, j’apprends qu’il n’y a pas eu de conseil, parce que le président n’est pas là. Un peu comme « pas de combat, faute de combattants ». Si je ne regarde pas les télévisions nationales, publiques et privées, ce n’est pas faute d’être national(iste) mais c’est que souvent, la télé, c’est un peu comme les sites électroniques. Un seul suffit ordinairement à t’informer de ce qu’on veut bien t’informer. L’un écrit, par exemple, que « Son Excellence Monsieur le président de la République est parti en France… » ; un autre met en ligne « Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani est allé à Paris… ». Un site te parle de la mort d’un tel ; un autre qu’un tel est mort… ou encore « la commission d’enquête bouge un peu à travers une énième convocation », contre « on enregistre une invitation à se présenter dans les locaux de la police chargée des crimes économiques et financiers ». Il n’y a rien, vraiment rien à se mettre sous la ligne ? Bah, on invite vite vite un scoop et, comme on est en plein coronavirus, tiens, on va tuer quelqu’un d’important. Si c’est vrai, on en aura eu la primeur ; si c’est faux, il est de toutes façons encore en vie. C’est tout. HAPA, où es-tu ? Fonds d’aide à la presse, ce n’est pas un critère, la crédibilité ? Bon, ça, c’était juste une digression, en attendant de savoir si le Président est rentré ou non, pour séparer, du moins s’interposer entre, le peuple et les commerçants qui l’ont tué avec des prix projetés au ciel. Sans que ni le ministère du Commerce, ni le patronat, ni les commerçants, ni les consommateurs n’en comprennent les raisons. Selon une source qui a requis l’anonymat, ce serait faute aux pluies diluviennes qui ont noyé Rosso et ses rizières. Alors, le riz mauritanien, ya n’a pas cette année. L’ex-riz mauritanien des années passées a « décidé par sa tête », les commerçants n’y sont pour rien, il a décidé de lui-même, sur initiative personnelle, de devenir très cher. Et comme tous les produits de première nécessité forment un même syndicat, ils ont tous suivi. En bloc. Sucre, huile, blé, pâtes, poisson et viande. Pour revenir « aux premières fois », comme les Nouz’autres aimons beaucoup à dire, il paraît que c’est la première fois qu’un président de notre République visite le siège de l’OTAN… mais, moi, je veux simplement savoir comment établir un rapport gagnant/gagnant avec la montée vertigineuse des prix. En quoi cette première visite d’un président mauritanien au siège de l’OTAN peut avoir un impact positif pour faire baisser le prix du riz, ici, chez nous ? Les premières fois sont comme les premières dames. Elles se succèdent mais ne se ressemblent pas. Certaines aiment avoir des immeubles en France, 16ème arrondissement parisien, et/ou centaines de terrains bien placés à Soukouk, d’autres préfèrent une maison ou quelques appartements à New York, d’autres encore plusieurs petites boutiques à Velouja portant leur nom. Tous les présidents ont eu leur première fois. De Moktar à Mohamed. C’est la première fois que le pays a eu sa monnaie. Une grosse évidence puisque il faut bien que cela arrive un jour, comme la mort. C’est la première fois qu’un président soulève une vache par la queue. C’est la première fois qu’un président alphabétise à travers un ministère dédié à l’alphabétisation. C’est la première fois qu’un militaire quitte le pouvoir après avoir organisé une élection présidentielle à laquelle il ne participe pas. C’est la première fois qu’un président lutte contre la gabegie et se réclame des pauvres. C’est la première fois qu’un président croise les bras et regarde au tableau. C’est la première fois qu’un président fout patte (excusez-moi : pose pied) à l’OTAN. Et après ? A quoi ont exactement servi ces premières fois ? Concrètement ? Salut.
Sneiba El Kory