Les prix des produits vitaux se sont emballés, il y a quelques jours. Le kilo de viande de mouton a bondi de 2000 à 2400 UM ; l’huile de 7500 à 9400 ; le riz mauritanien de 6200 à 7600 ; le sucre de 8400 à 9800 ; le carton de cuisses de poulet de 6500 à 10500 ; le lait en boîte de 5600 à 6800 ! La même fièvre est constatée sur le marché du poisson. Ce n’est pas une nouvelle, diront certains, tant on y est habitué, en Mauritanie, à ce que les commerçants fassent régner leur loi. Nous sommes dans un pays d’un million de commerçants, voire plus ; l’augmentation des prix des denrées de première nécessité ne surprend pas. Notre boutiquier du coin ne cesse pourtant pas de s’en dédouaner, à chaque retour du marché où il était parti s’approvisionner. « Je ne suis pas responsable de cette augmentation, ce sont les grossistes qui nous l’imposent ! », nous lance-t-il en réponse à nos plaintes. C’est dire combien les paniers de nos ménagères n’ont cessé de se trouer au fil des années. Le trou est tellement béant qu’on ne les utilise plus, au profit d’emballages en plastique suffisant à contenir des quantités sans cesse décroissantes.
Si nos boutiquiers du coin acceptent de nous fournir des explications, le gouvernement mauritanien reste pour sa part toujours silencieux. Sans même pas la moindre langue de bois. Le compte-rendu fourni à la fin du conseil hebdomadaire des ministres n’apporte aucune explication convaincante. Et pour cause peut-être, les consommateurs n’ont pas de défenseurs. Les rares véhicules portant leur logo ont quasiment disparu de la circulation ou ne servent qu’aux « responsables ». On nous dit, ici et là, que des produits périmés ont été saisis par les services compétents mais aucune répression des augmentations illicites de prix. Pas plus de tarifs des prix affichés dans les boutiques que d’organisations de la Société civile défendant les consommateurs. Seul le ministère de la Santé a défini les prix des produits pharmaceutiques et ses services d’inspection ont procédé à la fermeture des officines de pharmacie qui ne les respectaient pas. Mais il faut bien manger pour se soigner et... vivre.
Signalons que cette dernière augmentation intervient au lendemain de l’annonce, par le président de la République, de l’accroissement de certains traitements (pensions de retraite, prime de craie, d’éloignement, d’indemnités personnel santé…). Au lendemain de cette décision, Le Calame avait tenu à mentionner que ces faveurs visant à améliorer les conditions de vie et de travail des couches démunies n’auraient aucun impact si le gouvernement ne contenait pas la flambée des prix qui allaient suivre. Elle est là et, après avoir donné l’impression de donner un coup de barre à gauche, le pouvoir– des forces d’argent, supérieures ou complices de son homologue politique ? – vient de le reprendre par la droite. D’ailleurs, l’augmentation des prix a même précédé l’entrée en application des annonces du président Ghazwani qui refuse de penser aux fonctionnaires de l’État. Mais à en croire la presse, les corps habillés auraient bénéficié d’une augmentation substantielle de leurs traitements. Deux poids, deux mesures ?
DL