Le dossier dit de la corruption a enfin bougé. L’ex-Président Ould Abdel Aziz, les responsables et les hommes d’affaires qui y sont impliqués ont été convoqués par la police chargée des crimes économiques et financiers pour signer leurs procès-verbaux d’audition. Tous se sont prêtés au jeu, sauf Ould Abdel Aziz qui se planque toujours derrière l’article 93 de la Constitution censé lui garantir une immunité. Tout comme il n’a cessé de dénier aux policiers la possibilité de l’interroger, refusant systématiquement de répondre à leurs questions. Ce qui, tout compte fait, ne change rien à la donne. Les dossiers seront transmis au Parquet qui procédera, à son tour, à un nouvel interrogatoire avant d’envoyer tout ce beau monde devant un juge d’instruction qui peut, au vu des éléments dont il dispose, soit les envoyer tous en détention préventive ou les mettre sous contrôle judiciaire en attendant un procès. Qui s’annonce d’ores et déjà retentissant. C’est la première fois, en effet, qu’un ancien président de la République est trainé devant les tribunaux pour malversations, gabegie, détournement de deniers publics. En une décennie, Ould Abdel Aziz a saigné ce pays à blanc avec la complicité de responsables véreux et d’un clan vorace. Si la justice suit son cours normal – ce dont beaucoup commencent à douter vu la lenteur de la procédure –il n’aura que ce qu’il mérite : une expropriation en bonne et due et forme et quelques années derrière les barreaux. Mais il ya loin de la coupe aux lèvres. Le système qui nous dirige n’a pas encore dit son dernier mot. Laisseront-ils un des leurs jeté en pâture au risque d’un dangereux précédent ?
Ahmed Ould Cheikh