Comme les jours, les années se suivent. Lundi, mardi, mercredi… 2018, 2019, 2020… et voilà 2021 ! Alors, bonne année ! Je voulais dresser un bilan, comme à la belote. Mais je vais procéder comme celui qui, ayant trouvé un grilleur, ne se brûle pas les mains. Qui de vous n’a pas suivi la douzaine de personnes bien malaxées, entre ministres, patrons d’agences, hommes politiques et je ne sais qui encore : j’en oublie certainement ; les journalistes, ont dit beaucoup et je n’ai absolument rien retenu. Il est vrai qu’il m’arrive parfois de somnoler puis je reprends le train en marche et c’est comme si je ne m’étais pas un tantinet absenté. Un peu comme cette histoire de « Ton père, un bouc ! Ta mère un bouc ! »… Enfin, bref, le bilan de l’année passée : bon hivernage, corona, couvre-feux, fête de l’Indépendance, match de la Mauritanie contre le Burundi, candidature du président de la Fédération mauritanienne de football à la présidence de la Confédération africaine dudit sport, rupture de stocks en légumes et fruits, beaucoup de délestages, quelques permutations ici et là, paiement des salaires des fonctionnaires chaque fin du mois, jeûne du Ramadan et fête, Adha et re-fête, Mawloud et re-refête. En prime, la deuxième vague au cours de laquelle le président de la République est parti trois fois assister à des investitures de présidents élus comme ci comme ça. Puis l’année est morte et nous voilà comme on était il y a un an et comme on était l’année d’avant et celle d’avant avant ! Maintenant, pour rappeler la vérité que les invités de la Mauritanienne ont oublié, c’est que « Mes engagements ! », « Mes priorités ! », « Mes programmes ! », « Mes priorités ! », « Mes relances ! », « Mes réformes ! », « Mes soucis ! », « Mes préoccupations ! », « Mes promenades ! »… toute cette histoire… Ah, j’allais oublier : « Mes commissions d’enquête ! », « Mes opposants ! », « Mes oppositions ! », « Mes rapports ! », « Mes méchouis ! », « Mes comités interministériels ! », « Mes politesses ! », « Mes carnavals ! », « Mes visitations ! »… Vous savez, ce que les présidents des Nous-Z’autres font au peuple me rappelle l’histoire d’une certaine hyène et des gens d’un certain vrig (campement) qui voulaient changer de « maison » et déménager vers une autre plus herbeuse. Dans ses insensées pérégrinations, la hyène tombe sur ces déménageurs qui ne possèdent qu’un seul âne sur le dos duquel ils ont chargé toute leur corvée. La hyène leur propose un marché : « donnez-moi l’âne à manger et je vous ferai déménager sur mon propre dos beaucoup plus fort et confortable ». Après quelques atermoiements, le marché est conclu. L’hyène dévore goulûment l’âne puis courbe l’échine afin de recevoir tous les bagages. Au moment de « décoller », un homme pose la question de l’utilité d’une grosse pierre pour le campement. On la met, on la met pas ? Alors la hyène dit aux broussards : « Mettez tout ce que vous voulez, en tout cas, moi, je ne me lève pas ! » Il paraît que c’est une question de priorité. Entre un échangeur au Carrefour Madrid et quelques kilogrammes de riz Mauritanie, que va choisir un habitant de la kebba du wharf ou des environs du quartier Mensiya (l’oubliée), sis au PK 14 de Riyad ? À quoi auront servi les 200 milliards de Taa’zour, si 100 milliards passent à louer de rutilantes voitures, payer de substantiels frais de mission et autres honoraires d’experts et consultants, tandis que les officiels présumés bénéficiaires de cette agence culbutent dans la soif, la maladie et la précarité ? Moi, je propose d’acheter des iphones aux gens des adwabas pour se connecter à Instagram, Twiter et autres Facebook, You tube, Snapchat, Imo, installer les plus extraordinaires applications aptes à les informer sur le mode de vie des esquimaux, la reproduction des phoques ou l’espérance de vie des baleines. « Mes priorités ! » avez-vous dit ? Salut et bonne année chez vous !
Sneiba El Kory