Le pays fait désormais partie, et ce depuis plusieurs années de l’initiative lancée de façon conjointe par le FMI et la Banque Mondiale, nommée PPTE ( Pays Pauvres Très Endettés).
Cette initiative vise principalement à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales soutenables.
De ce fait et après la décision du G8 en 2006 visant l’allègement de la dette publique multilatérale des pays éligibles à cette mesure, la Mauritanie s’est retrouvée en janvier de l’année 2008 avec une dette publique très raisonnable qui dépasse de peu, le milliard d’euros soit 47.28% du PIB à l’époque, composée principalement de la dette passive de l’Etat du Koweit qui date des années 70.
Cette dette Koweitienne qui à l’origine atteignait les 300 Millions de Dollars, a servi de garantie pour l’ouguiya lors de sa création en 1973 et son service a été régulièrement remboursé jusqu’à la chute du régime fondateur en 1978 et c’est à cette époque que les nouvelles autorités en place ont décidé l’arrêt du remboursement des échéances dues, ce qui a considérablement augmenté son service jusqu’à nos jours.
Par ailleurs, et suite à l’ensemble de ces nouvelles donnes citées précédemment, le département Mauritanien de l’économie avait mis en place une stratégie économique en 2008 qui consistait à financer les dûs restants de la dette publique Mauritanienne à travers les taux de croissance annuel, qui, selon les projections estimées à l’époque, seront de l’ordre de 4 à 6 % du PIB.
Contrairement à toutes les recommandations conjoncturelles et malgré la croissance des indicateurs macroéconomiques, le pays n’a malheureusement pas pu se servir de cette procédure d’allégement de dette, qui s’est accompagnée par une flambée enregistrée du produit intérieur brut du pays. Cette augmentation s’est traduite, en terme nominal, par une progression du PIB en 2008 de 15,2% par rapport à sa valeur en 2007.
A cet égard, nos politiques publiques se sont penchées vers des stratégies de surendettement pour financer des projets de développement qui n’ont pas toujours atteint les objectifs initialement tracés.
Compétitivité modeste
En effet, les indicateurs de la dette extérieure n’ont cessé de s’accroître pour atteindre des niveaux insoutenables et qui pèsent lourd sur le budget national du pays, dont l’économie est peu diversifiée et présente une compétitivité très modeste.
En revanche, il va de soi de dire que dans une économie dont la conjoncture est celle-ci, ne supportera pas le moindre choc et c’est en début de l’année 2020 et suite à la pandémie du covid-19, que notre économie a été lourdement touchée surtout dans ses secteurs secondaires et tertiaires suite à l’état sanitaire du pays et du monde entier.
C’est dans ce contexte peu favorable que nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de procéder à une restructuration de la dette publique pour éviter les effets néfastes de la mise en échec de nos paiements réguliers de nos dettes extérieures.
En fin, il est nécessaire de souligner l’importance de l’élargissement de la classe moyenne, qui par sa force et sa prospérité, contribue à la stabilité socio-économique du pays. Cet élargissement est mis en échec depuis plusieurs années suite à une disproportion flagrante qui règne sur la grille indiciaire de notre fonction publique nationale. Cette disproportion émane de l’absence des actualisations salariales périodiques des fonctionnaires par rapport aux conditions de vie quotidienne au sein du pays.
Un exemple précis à ce sujet, fait que la rémunération d’un président de la République durant les 5 années de son mandat est égalà celle d’un Instituteur de l’école républicaine durant 350 ans...
Sachant que le corps éducatif et les membres du personnel soignant représentent à eux seuls plus de 70% de la masse salariale du pays, de ce fait ces deux corps professionnels incarnent la majorité écrasante des classes moyennes dont l’aisance et les conditions de vie sont un facteur déterminant de la prospérité de l’économie.
Mohamed Ould El Khalef
Paris, le 03 Janvier 2021
Source des Graphiques : Données de la Banque Mondiale