Une année s’achève. Sous le signe du Covid-19. Cette maudite pandémie qui a mis le monde sens dessus-dessous, nos nerfs à rude épreuve et nos économies à terre. Qui a fermé les frontières, cloué les avions au sol et étouffé les systèmes de santé. Qui a pénalisé l’éducation, ruiné le sport et réduit au chômage des millions de personnes. Bref, un petit virus invisible à l’œil nu qui a tout chamboulé. Et qui n’est pas près de s’arrêter, vu sa deuxième vague que les scientifiques redoutaient et qui s’est révélée plus meurtrière que la précédente. Ici plus qu’ailleurs. Chaque jour apporte en effet son lot de contaminés et de décès. Des centaines de familles sont en deuil. Une peine d’autant plus insupportable que l’État, craignant une contamination en série, entoure la toilette mortuaire, la prière funèbre et l’enterrement d’un maximum de précautions, limitant à une dizaine de proches l’assistance à ces rites aussi nécessaires qu’apaisants.
Rapportés au nombre total d’habitants, les chiffres communiqués quotidiennement par le ministère de la Santé laissent perplexes. Pourquoi autant de morts (plus de trois cents) en si peu de temps (un mois et demi environ) ? L’épidémie échappe-t-elle désormais à tout contrôle ? La prise en charge des malades n’est-elle pas à la hauteur ? Quelle thérapie utilise-t-on dans nos structures hospitalières ? Nous avons besoin de savoir pour ne pas mourir (cov)idiots. Nous avons surtout besoin d’apprendre à vivre avec les virus : deux vagues… avant la énième ; Covid-19... avant Coplein-10000… l’urbanisme moderne multiplie les risques et les mutations. Bien plus que de nous obliger à nous masquer, à ne plus serrer la main de quiconque, à déserter les mosquées, les virus nous commandent de renforcer, chacun, nos défenses immunitaires ; à cultiver non pas la peur mais la santé de notre corps… et de notre esprit. Avec notamment la lucide conscience de cette autre réalité : notre population a quintuplé en quatre-vingt ans. Au prix du quintuplement de nos deuils ?
Ahmed Ould Cheikh