Mais qu’attend donc le dossier de la corruption pour être transmis à la justice ? Plus de trois mois après transité, en provenance de la CEP, par le bureau du procureur de Nouakchott-Ouest, il reste coincé à la police chargée des crimes économiques et financiers. L’enquête s’est avérée longue et palpitante, tenant en haleine une opinion publique incrédule devant l’inimaginable gâchis mis à jour, mais les auditions ne sont-elles pas achevées ? La rédaction du rapport poserait-elle problème(s) ? Aurait-on assigné à ladite police de mettre la pédale douce ? Qui ? En attendant quoi ? Après avoir interrogé plusieurs fois l’ancien Président, ses ex-Premiers ministres, divers ministres qui travaillèrent sous ses ordres, plusieurs hauts responsables et autres hommes d’affaires ; mis la main sur des documents aussi accablants les uns que les autres, il ne restait plus qu’à renvoyer le bébé au procureur avec l’eau du bain. Et c’est là que le bât blesse.
Le dossier finira-t-il par être enterré ? Pourquoi tout ce temps perdu ? Les responsabilités n’ont-elles pas encore été situées clairement ? A-t-on peur d’ouvrir une boîte de Pandore qui risque fort d’emporter plus de monde qu’on ne peut l’imaginer ? Ces questions taraudent l’opinion qui voit, en ces atermoiements, une sinon plusieurs, anguille(s) sous roche. « L’imagination est la folle du logis », disait Nicolas de Malebranche, et la laisser se nourrir de la pire de ces anguilles – l’implication du pouvoir actuel, non seulement dans la rétention du dossier mais aussi dans son fond – n’augure rien de bon pour notre république…
Ahmed Ould Cheikh