« Voler l’esprit de quelqu’un » est une expression peule qui signifie tromper une personne pour l’amener à se séparer d’une autre, sortir d’un groupe ou commettre un acte répréhensible. Cette manipulation des esprits est par essence démoniaque. Au niveau individuel, elle sépare des amis, brise les rapports entre frères et défait les liens conjugaux. Au niveau collectif, elle est encore plus grave car elle érige des barrières entre les communautés, sème la suspicion et le désordre, instaurant de durables troubles sociaux et désolations. C’est le travail de Satan. Par l’exaltation de la fibre ethnique ou raciale, couleur de la peau ou prééminence de la culture, les embrigadements sectaires relèvent de ce chapitre et sont radicalement destructeurs du lien social entre des personnes pratiquant la même religion. Religion de paix, fraternité, concorde et entraide sociale, l’islam nous recommande de« ne pas nous séparer » et nous interdit formellement de « suivre les pas du Satan ». Alors, bonnes gens dotées de bonne foi, sages et bien guidées, faites attention : les fossoyeurs de l’unité nationale sont de retour ! Protégez vos enfants !
En effet, tous les jours et sans interruption, des écrits inspirés par ce qu’il y a de plus malsain dans les replis de l’âme humaine sont publiés sur nos sites électroniques pour nous voler nos esprits, abrutir nos enfants. Derrière des idées alambiquées, des scribouillards vendent des utopies et distillent à petites doses le poison de la discorde. Arrimés à l’idée fausse que les Mauritaniens ne pourront jamais s’entendre, ils nous font douter dans notre capacité à bâtir « un État de tous/un État pour tous ». Pire, ils installent une malsaine atmosphère de querelles de chapelles, de telle sorte qu’il paraisse à tout observateur non averti que tous les Mauritaniens, sans exception, sont rangés en ordre de bataille, race contre race, ethnie contre ethnie, culture contre culture, maître contre esclave. Cette situation paranoïaque qu’ils veulent nous imposer suscite des interrogations.
Pourquoi le retour des faucons en ces temps précis, peut-on se demander, alors qu’ils avaient disparu des radars une bonne décennie durant ? Cherchent-ils à provoquer, irriter ou attiser les sentiments de haine dans un objectif secret qu’ils détiendraient caché ? À raviver les plaies encore saignantes de notre corps social pour amener les gens à commettre une fois de plus l’irréparable ? Ou, encore, à empêcher le gouvernement d’avancer vers une vraie réconciliation nationale ?
Querelles stériles
À défaut de répondre à toutes ces questions, on en connaît cependant la source. Toutes ces agitations sont le fait d’élites effacées, porteuses de pensées d’une époque révolue et qui cherchent, en mal de publicité, à se reconstituer. Comme des prestidigitateurs, ils vendent des illusions aux jeunes, espérant y asseoir leur leadership et revenir ainsi sur le devant de la scène. Flattés dans leur orgueil identitaire, conditionnés, surexcités et fanatisés, tout comme eux, leurs adeptes sont difficilement récupérables pour le bien commun. La culture du sectarisme n’est rien d’autre qu’une excroissance du racisme, il mine l’État, gâte les hommes et gangrène la société. Face à l’extrême dangerosité de ces gens pour notre jeunesse, ne restons pas immobiles !
Demain se construit aujourd’hui. Pour que nos enfants s’engagent à vivre la Mauritanie, nous devons revisiter notre passé, leur enseigner le bien-être musulman, à « aimer pour leurs frères ce qu’ils aiment pour eux-mêmes », à cultiver la culture du respect envers eux-mêmes et autrui. Leur faire comprendre qu’il n’y a pas, en Mauritanie, de place pour un pays fissuré car nous relevons tous d’une seule et unique culture, celle de l’Islam ; que nous sommes un peuple de métissages (même si certains d’entre nous ne veulent pas l’entendre) et que nous avons tous versé notre sang à défendre le pays contre les agressions extérieures. Nous avons tous une même obligation : veiller par tous les moyens à notre unité, à l’harmonie des relations interraciales et interethniques, faire de ce pays béni une terre de prospérité partagée. Tout le reste n’est que lâcheté, illusion et fourberie.
Elle nous défie tous, la nécessité de préparer nos enfants à reprendre la propriété et le contrôle de notre gaz, de notre fer, de notre poisson ; à domestiquer nos terres irrigables sans dépendre de techniciens vampires venus d’ailleurs. Nous ne pouvons nous dérober ni chercher des prétextes. La bataille pour faire, de la Mauritanie, le joyau de « l’entre-des-deux-Afriques », nous pouvons la gagner. Pour cela, nos jeunes doivent être sereins dans leurs esprits, rationnels dans leurs démarches, résolument déterminés à réaliser cet objectif en maîtrisant les techniques et les sciences, l’ingénierie de toute chose et travailler en frères, main dans la main.
Pour que nos enfants soient engagés à vivre la Mauritanie, il ne faut surtout pas se taire. Les sages, les véritables patriotes, les éminents oulémas, les grands intellectuels, les associations et autres membres de la Société civile sont appelés à sortir de leur mutisme, à se prononcer sur la nécessité de la cohésion, à refuser ouvertement l’intolérance et le sectarisme. Le condamnable, il faut le condamner. Tout simplement, clairement, explicitement. L’État lui-même a un rôle à jouer pour que la peur change de camp et que la voix satanique de la désunion se taise. À jamais, incha Allah. Ainsi l’air sera plus respirable et nous pourrons aborder tous nos problèmes dans la sérénité et la concorde, avant de les régler, sans forcément de grands moyens, à la grâce de Dieu.
Qu’on se rappelle la célèbre phrase du Père de la Nation : « La Mauritanie sera ce qu’en fera sa jeunesse ». Ces sages paroles de bon augure sont plus que jamais d’actualité. Faisons en sorte que nos enfants ne soient pas détournés en cours de route et ne perdent pas leurs temps dans de stériles querelles ; qu’ils deviennent pleinement et entièrement les hommes et les femmes de demain, les constructeurs du meilleur d’un pays uni et prospère, attaché au bonheur et à la fierté de tous.