Je cherche la protection du Seigneur de l‘aube contre le mal qu’il a créé,
contre le mal de l’obscurité lorsqu’elle s’étend…
Je cherche la protection du Seigneur des hommes…
contre le mal du tentateur qui se dérobe furtivement,
contre celui qui souffle le mal dans le coeur des hommes
Le 16 Octobre dernier, en région parisienne, un professeur d’histoire, géographie et instruction morale et civique est assassiné, décapité. Le criminel agit sur commande d’autres qui – eux – ne se sont pas « mouillés », mais on fait circuler une video, à la suite d’un cours auquel n’avait pas assisté la fille du père scandalisé. Le « on dit » (1). Le criminel a été amené d’ailleurs (Evreux, à 120 kilomètres de là) et il a fallu payer des élèves du collège de Conflans-Sainte-Honorine, pas directement de Samuel Paty, pour l’identifier. Le 21 Octobre, dans la cour de la Sorbonne, à Paris, haut-lieu du savoir européen depuis sept cent ans, mais aussi des emblématiques « événements de Mai 1968 », liberté d’expression s’il en fut et contestant de Gaulle, incarnation de la plus haute France s’il en fut, Emmanuel Macron, président de la République, rend hommage au professeur, fait lire les lettres de Jean Jaurès aux instituteurs et d’Albert Camus au sien, juste après qu’il ait reçu le prix Nobel de Littérature. Le chef de l’État français s’adressant à Samuel Paty, à sa mémoire, assure : nous continuerons (2). Les 24 et 25 Octobre, Recep Tayyip Erdogan – chef d’un Etat, la Turquie que son re-fondateur à l’époque moderne, Mustapha Kemal, avait institué laïc, aux lieu et place de l’Empire ottoman – , renvoie publiquement son homologue français au médecin traitant de celui-ci. Rien pourtant dans les hommages de toute la France, notamment place de la République, le 18 Octobre précédent, n’avait mis en cause, pas même mentionné le nom du Prophète. Le 29 Octobre suivant, dans une grande église de Nice, un jeune tunisien, du pays de Bourguiba, lui aussi pionnier de la laïcité dans le monde arabo-musulman, agresse à l’arme blanche trois personnes, dont deux sont mortes. Il était arrivé sur le sol français depuis quelques heures seulement, donc pour tuer.
De bonne foi, des centaines de milliers de musulmans dans le monde se sont crus défiés et attaqués dans leur foi intime et selon leur vénération pour le Prophète. Ils croient même qu’en France les musulmans sont persécutés. A quoi, le 25 Septembre, avait déjà répondu l’ambassadeur de France en Suède, Etienne de Gonneville, interrogé par la radio nationale (3). J’aurais fait de même si j’avais été encore représentant de mon pays à l’étranger, mais lisant l’éditorial : Si chère liberté d’expression, d’Ahmed Ould Cheikh qui me fait l’honneur depuis Mai 2007 (cinquantenaire du discours d’investiture du président Moktar Ould Daddah à la tête du premier gouvernement mauritanien, je me suis pris à lui répondre en même temps que j’accusais réception de son texte. Je développe maintenant, d’autant que depuis le 27 Octobre, il y a eu les expressions de solidarité pour la France de Erdogan et aussi du gouvernement mauritanien : ayant appris avec " une grande tristesse, l'attaque terroriste contre les fidèles de la basilique Notre-Dame de Nice, en France ". Il y a eu enfin l’entretien du président français (4) avec Al Jazeera, pour le 24ème anniversaire de cette chaîne si importante
C’est donc une lettre ouverte à mes compatriotes d’adoptions, toutes les Mauritaniennes et tous les Mauritaniens, à vous, à vos parents, à vos grands qui m’avez appris à mes vingt ans la prière dans le désert, l’accueil de la vie musulmane, que j’adresse maintenant. Oui, la communion est possible entre tous les croyants en Dieu, entre personnes de bonne volonté : regardant avec émotion, tout l’entourage de Moktar Ould Daddah, prier le soir, dans le désert-même qui commence au début de la route de l’Espoir, dans les heures qui suivirent son retour au pays après vingt-trois ans d’exil, lui-même assis silencieux… voyant, dans une toute petite mosquée, le long de cette même route, un peu avant Boutilimit, mon ami Ahmed Ould Daddah, prier… et Mohamed Ould Cheikh à Aïn-Selama, prier, je me suis recueilli, serein et certain. Dieu est plus proche de l’homme que sa veine jugulaire’ (Coran : 50, 16).
Alors, expliquer pour maintenant et bâtir pour toujours.
Il est certain qu'enseignant - moi-même - histoire, géographie, morale et civisme à des élèves d'une banlieue parisienne plutôt aisée, je n'aurais pas pris des objets religieux comme exemple d'esprit critique. D'autant que les élèves, puisqu'il s'agit d'un collège, ont entre 12 et 14 ans, et que les réformes successives des programmes ont privilégié les synthèses et les thèmes, au lieu des chronologies, des descriptions précises des époques historiques et de la géographie des pays et du monde. Il manque donc un socle de connaissances structurées à partir duquel, seulement, réfléchir. Charlie-Hebdo. que j'ai lu dans les années 1970 et qui m'avait fait cadeau des reliures de ses premiers numéros, a toujours fait sa « une » avec des caricatures, beaucoup portaient sur l'Eglise catholique, par exemple le pape Paul VI (1963-1978), avec une légende : le pape s'essuie-t-il le derrière avec la même main que celle qui tient l'hostie consacrée à la messe ? vous voyez le genre... Les caricatures du Prophète n'ont fait des couvertures qu'à partir des publications danoises. J'aurais pris d'autres sujets, par exemple politiques et nationaux, ou bien j'aurais fait dessiner aux élèves des caricatures, de n’importe qui, du professeur-même..., ou encore j'aurais fait lire des pamphlets à l'époque de la Fronde contre Mazarin premier ministre (1642 à 1661) ou de Victor Hugo contre Napoléon le petit (Napoléon III). Ou des numéros du Canard enchaîné au temps du général de Gaulle. Liberté certes mais respect de l'opinion d'autrui, l'opinion des élèves, l'opinion de tout autre.
Il est avéré que la jeune fille dont le père (tous deux musulmans) a mis en ligne une accusation, relayée par un pseudo-imam sans paroisse, n'avait pas assisté au cours, et avait été précédemment mal notée. Que le futur assassin, un Tchétchène (la Tchétchénie depuis 1992 a fait l'objet d'une atroce guerre civile en passant sous une obédience russe qui n'avait jamais eu lieu au temps de l'Union soviétique – interprété en russe par un Tchtchène quand je fus reçu par le président du Kazakhtan où j’ouvrai la première ambassade de France, je fus déclaré tchtchène d’honneur car on m’y eut aimé là-bas comme ambassadeur aussi), l’assassin, donc, vivait - irrégulièrement - à 200 kilomètres de là, qu' "on" a du aller le chercher en voiture, lui acheter son arme, comme si le courageux père ou le pseudo-imam ne pouvaient faire eux-mêmes la leçon à Samuel Paty, ou lui " donner une leçon ". Qu'il a fallu payer un ou deux élèves pour désigner l'enseignant à son futur assassin, faisant le guet depuis plusieurs heures devant l'école.
Il y a une distinction – peut-être fondamentale - entre musulmans et chrétiens, dont je n'entends pas parler dans nos médias - déjà torrentiels à propos de la Covid 19 - c'est à propos du martyre. Il semble que le martyre soit un titre pour le paradis dans les deux religions, mais qu'en Islam on peut le rechercher pour soi et le provoquer, on entre ainsi de soi-même dans l'Histoire et en sainteté, tandis qu'en chrétienté on subit le martyre mais on ne le recherche pas. Il est d'une certaine manière "accidentel". Achète-t-on quoi que ce soit à Dieu ? Même son salut ?
Le discours d'Emmanuel Macron en Sorbonne a été calme et parfaitement reçu en France. Tout au plus, la phrase au sujet des dessins et caricatures qui ne cesseront pas (5), aurait pu ne pas être prononcée ou au moins être relativisée en évoquant d'autres sujets de caricatures, Emmanuel Macron lui-même, après de Gaulle et Mitterrand ! Le président français a d’ailleurs admis qu’il comprend ceux qui sont choqués par de tels dessins. L’hommage en très belles conditions scéniques, sonores (départ du cercueil avec la 3ème symphonie de Mozart) et surtout d'émotion et de recueillement, a été – en profondeur – un discours entre Français, croyant tous, musulmans compris en la République et en ses valeurs, ravivés dans cette foi humaniste par le drame exemplaire. Il n'avait pas d'adversaire. Entre reconfinement et de si nombreux attentats (en comptant aussi ceux qui sont déjoués et pour lesquels il n'y a pas de description un par un), le sujet était de recentrer, sur la République, bien commun, les Français et leur principal gouvernant - quels que soient les textes - cela n'était égotiste ni cocardier. C'était un hommage.
Aux occasions dramatiques de ces événements depuis plus de cinq ans, les Français prennent conscience de leur spécificité. La laïcité n'est pas une culture de l'athéisme, mais celle du pluralisme et du service public : l'Etat, en France, n'a pas de religion ni d'idéologie. C'est assez unique : le président de la République, au contraire des Etats-Unis ou de l'Allemagne, ne prête pas serment lors de son investiture, et encore moins sur la Bible. La laïcité caractérise la République française. L'article 2 de la Constitution - qui est, en fait, son article 1 depuis la disparition de la Communauté proposée à l'Outre-Mer en 1958 - dispose que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Seconde spécificité : c'est elle qui dans l'Union européenne compte le plus de Musulmans (5 à 6 millions) et de Juifs (500.000, seconde diaspora dans le monde après celle des Etats-Unis, fort nombreuse). Elle est donc le plus à risque pour de possibles bi-nationalités : notamment la situation en Palestine et les abus et illégalités d'Israël.
Ces semaines-ci montrent un attachement exemplaire des Français musulmans à la France et à la République. Les autorités du culte musulman ont même décidé la fermeture des mosquées ces trois jours-ci, à la suite de l'attentat dans la basilique Notre Dame de l'Assomption à Nice. Il n'y a que l'extrême droite et la droite de la droite qui fait l'amalgame entre terrorisme et Islam, personne ne peut expliquer ces temps-ci les attentats par une organisation extra-territoriale. Après ceux nominativement ciblés ou de masse, signés Daech ? ceux de maintenant à l’arme blanche, sont individuels, et s’attaquent à des symboles : enseignants, lieux de culte qui mettent le pays en légitime défense. Le lien français se resserre donc (6)
Quant à moi, ayant déjà lu le Saint Coran (en traduction française, mais plusieurs) et surtout ayant été accueilli à mes vingt ans, dans un pays 100% musulman, ayant vu prier et vivre des amis sincèrement croyants en Islam alors que je le suis en Eglise catholique, je sais que je peux prier avec eux, partager l'expérience d'une relation personnelle à Dieu. Très modestement, humblement et sans véritable connaissance, je rejoins les grands islamologues français - dont était féru le président Moktar Ould Daddah - Massignon, Lévy-Provençal, Monteil, Gardet, Blanchère, d’autres... Je me suis donné la joie d’offrir à Mariem Daddah, plusieurs années avant sa profonde conversion à l’Islam, la traduction du Coran en français par Régis Blachère. L’identité, le respect de l’autre… Moktar Ould Daddah était disposé à faire bénir son mariage avec une chrétienne (de gauche et magistrate) par un prêtre catholique – la « disparité de culte » est tout à fait admise par l’Église – et il fallut l’obscurantisme de l’évêque de Besançon pour que cela ne se fasse pas : le futur président de la République Islamique de Mauritanie n’était alors « rien »… Bien plus tard, il préféra à une relation diplomatique avec le Vatican, l’érection d’un diocèse dit de Nouakchott, donc la reconnaissance d’une communauté non-musulmane dans un pays dont tous les nationaux sont musulmans. Une forme discrète de laïcité, mais surtout l’ambition d’une participation de tous à la construction nationale. Je viens tout le contraire d’un ministre algérien (7) conseillant à ses compatriotes l’exil s’ils sont mécontents du referendum constitutionnel. Au contraire,
La France est d'autant plus accueillante que c'est elle qui a refusé qu'en tête du traité européen actuel soient évoquées " les racines chrétiennes de l'Europe ". Ainsi, tous peuvent se fondre dans une histoire aussi multiple que commune, et qui dans les enseignements en France doit désormais - et vite - intégrer l'Histoire nationale des nouveaux arrivants chez elle, même si celle-ci peut contrarier l'officialité régnante du dernier siècle. Là est le devoir français. Mais il y a le devoir et l’urgence pour tous les hommes en ce temps des guerres civiles, des immenses migrations et du défi climatique, d’une pandémie encore sans antidote. C’est ce qu’ont compris les grands chefs religieux, lançant ensemble, depuis le Capitole de Rome, le 20 Octobre, un appel pour la paix (8) . A la tête des catholiques, le pape François publiant sa grande lettre encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale, écrivait, le 3 Octobre : « je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ». Il y a un précédent, l’accueil de saint François d’Assise en Juin 2019, en pleine croisade, par le sultan Malik al-Kâmel, neveu du grand Saladin. Un autre pape, Jean Paul II, a placé notre siècle sous le signe de la miséricorde, selon un appel précis reçu par une religieuse polonaise. Et ce sont les musulmans qui savent depuis toujours : ‘‘Ma Miséricorde embrasse toute chose’’. Et hadith qudsî : « Ma Miséricorde l’emporte sur Ma colère. »
André Malraux, l’aviateur volontaire contre Franco, pendant la guerre civile espagnole, puis contre Hitler dans l’escadrille Normandie-Niemen, compagnon de la Libération, et ministre du général de Gaulle pendant tout l’exercice du pouvoir par celui-ci (1958-1969), a dit peu avant sa mort : le XXIème siècle sera spirituel. En 1976, il avait participé à l’indépendance du Bengla-Desh, musulman, vis-à-vis du Pakistan, lui aussi musulman et ayant fait sécession, pour cela, quand prit fin la domination britannique sur les Indes : religion et politique, mais l’homme ? Gandhi, Mandela, Lincoln, Martin Luther King, l’abbé Stock, l’albanaise Térésa… L’oeuvre selon la foi, grâce à elle, transformant le monde mais ne tuant personne...
Bertrand Fessard de Foucault, alias Ould Kaïge
1er et 2 Novembre 2020
1 - Samuel Paty donne le 6 octobre un cours d'enseignement moral et civique (EMC) à des élèves de quatrième sur la liberté d'expression, thème au programme officiel de l'Education nationale. Afin d'illustrer son propos il présente deux caricatures de Mahomet issues du journal Charlie Hebdo, lesquelles, parmi d'autres, sont en relation avec l'attentat meurtrier contre ce journal en 2015. Selon d'anciens élèves, il faisait cela chaque année, sans que cela ne provoque de réactions négatives chez les élèves ou les parents. - wikipédia sur l’attentat . 2 Novembre 2020
2 - Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans discrimination aucune. Nous continuerons, professeur. Avec tous les instituteurs et professeurs de France, nous enseignerons l’histoire, ses gloires comme ses vicissitudes. Nous ferons découvrir la littérature, la musique, toutes les œuvres de l’âme et de l’esprit. Nous aimerons de toutes nos forces le débat, les arguments raisonnables, les persuasions aimables. Nous aimerons la science et ses controverses. Comme vous, nous cultiverons la tolérance. Comme vous, nous chercherons à comprendre, sans relâche, et à comprendre encore davantage cela qu’on voudrait éloigner de nous. Nous apprendrons l’humour, la distance. Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l’autre.
3 - invité sur la chaîne nationale suédoise SVT, l’ambassadeur de France en Suède a déclaré : « La France est un pays musulman, l’islam est la seconde religion en France, nous avons entre 4 et 8 millions de musulmans ». - Oumma.doc reprenant ladepeche.fr
4 - Je veux faire la séparation entre ces extrémistes qui commettent le pire ou justifient le pire, parfois dans des discours très sophistiqués et dangereux, avec les musulmans. Et partout ces dernières semaines dans le monde musulman, on a essayé d'agréger les deux en déformant mes propos, en me faisant mentir, en disant le Président de la République française et donc la France ils ont un problème avec l'islam. Non, nous nous n'avons aucun problème avec l’islam, aucun. Notre histoire d'ailleurs intellectuelle, culturelle, est inbriquée avec l'islam. Nous sommes un des premiers pays qui a traduit le Coran. A la Sorbonne en France, depuis le 17e siècle, on le traduit, on l'enseigne, il y a des controverses importantes qui s'y sont tenues. Nous sommes un des premiers pays à avoir ouvert dans le cœur de la capitale une magnifique mosquée, la Grande Mosquée de Paris.
5- Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent. Nous offrirons toutes les chances que la République doit à toute sa jeunesse sans discrimination aucune. Nous continuerons, professeur. Avec tous les instituteurs et professeurs de France, nous enseignerons l’histoire, ses gloires comme ses vicissitudes. Nous ferons découvrir la littérature, la musique, toutes les œuvres de l’âme et de l’esprit. Nous aimerons de toutes nos forces le débat, les arguments raisonnables, les persuasions aimables. Nous aimerons la science et ses controverses. Comme vous, nous cultiverons la tolérance. Comme vous, nous chercherons à comprendre, sans relâche, et à comprendre encore davantage cela qu’on voudrait éloigner de nous. Nous apprendrons l’humour, la distance. Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l’autre.
6 - Nous traversons des épreuves très difficiles et chaque mot a une résonance considérable. Je regrette que l’une de mes expressions au sujet des caricatures ait pu choquer certains. Le fait d’avoir évoqué un possible renoncement à certains droits pour préserver la fraternité est une maladresse sur laquelle je souhaite revenir, m’expliquer et rappeler par la même occasion ma position sur lesdites « caricatures du prophète Mahomet ». D’emblée, je tiens à réaffirmer avec force qu’évoquer la publication ou la diffusion des dites « caricatures de Mahomet » pour expliquer un acte de terrorisme, justifier l’assassinat d’un Homme, proférer des menaces ou appeler à la vengeance sous quelle que forme que ce soit est en soi une profanation et une trahison du message du prophète lui-même. Le Prophète de l’islam (PBSL) a toujours ignoré les insultes le visant, n’a jamais cédé à la provocation ou tolérer les actes de vengeance. Dès lors, il est indécent et indigne de s’interroger sur ce qu’a pu montrer notre compatriote Samuel Paty à ses élèves pour qu’une meute d’extrémistes jette son nom à la vindicte et provoque son assassinat lâche et barbare. La loi de la République qui est notre règle commune autorise la caricature et la considère comme un mode d’expression libre. Par nature, ce mode d’expression a pour objectif de moquer, de provoquer et de tourner en dérision même ce qui est sacré aux yeux de certains. Les musulmans de France, comme d’autres, peuvent ne pas aimer les caricatures et user de leur droit d’être critiques à leur égard. Cela doit être fait avec la plus grande vigilance. Nous devons être conscients du risque qu’une expression non maîtrisée puisse alimenter une posture victimaire aux conséquences néfastes. Les assassinats commis dans notre pays et en Europe en lien avec les caricatures, et dont les auteurs prétendaient défendre l’islam, doivent nous le rappeler. Aussi, j’invite les musulmans de France à méditer cette tradition musulmane rapportant qu’au passage du prophète Muhammad (PBSL) devant une foule, certains ont crié « Ô Mudammam » (mot arabe signifiant le détestable). Le prophète (PBSL) continua son chemin sans réagir. Certains de ses compagnons ont voulu attirer son attention sur ces cris, il se contenta de leur dire : « ils s’adressent à « Moudammam », moi, je m’appelle Muhammad ». Nous pouvons mentionner également le verset coranique : « Nous savons bien que leurs dénigrements t’oppressent le cœur. Célèbre donc les louanges de ton Seigneur et sois du nombre de Ses adorateurs ! » (Coran 15 : 97-98). N’est-il donc pas plus conforme à ces traditions que de prendre la distance utile et nécessaire face aux caricatures, en les ignorant et en les considérant comme sans aucun rapport avec le Prophète ? - Mohamed Moussaoui, président du culte des musulmans de France . 28 Octobre 2020 – oumma.doc
7 - le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi «Nous allons construire un Etat conforme à la déclaration du 1er Novembre, un Etat démocratique et social dans le cadre des principes de l’islam. Pour la première fois depuis l’indépendance, nous avons constitutionnalisé la Déclaration du 1er novembre et le hirak populaire. Et celui qui n’est pas content n’a qu’à changer de pays», déclare-t-il, insistant même sur l’invitation à «changer de pays» en la répétant à deux reprises. Al Watan
8 - Aujourd’hui, en ce temps de désorientation, frappés par les conséquences de la pandémie de la Covid-19, qui menace la paix en augmentant les inégalités et les peurs, nous disons avec force : personne ne peut se sauver tout seul, aucun peuple, personne ! Les guerres et la paix, les pandémies et le soin sanitaire, la faim et l’accès à la nourriture, le réchauffement global et le développement durable, les déplacements de populations, l’élimination du risque nucléaire et la réduction des inégalités ne concernent pas seulement chaque nation en particulier. Nous le comprenons mieux aujourd’hui, dans un monde plein de connexions, mais qui souvent perd le sens de la fraternité. Nous sommes sœurs et frères, tous ! Prions le Très-Haut afin que, après ce temps d’épreuve, il n’y ait plus "les autres", mais un grand "nous" riche de diversité. Il est temps de rêver de nouveau avec audace que la paix est possible, que la paix est nécessaire, qu’un monde sans guerres n’est pas une utopie. C’est pourquoi nous voulons dire une fois encore : "Jamais plus la guerre !"Malheureusement, la guerre semble être devenue pour bon nombre de personnes une voie possible pour la solution aux différends internationaux. Ce n’est pas ainsi. Avant qu’il ne soit trop tard, nous voulons rappeler à tous que la guerre laisse le monde pire qu’il ne l’a trouvé. La guerre est une défaite de la politique et de l’humanité. Nous faisons appel aux gouvernants, afin qu’ils refusent le langage de la division encouragée souvent par des sentiments de peur et de manque de confiance, et qu’ils n’empruntent pas des voies sans retour. Regardons ensemble les victimes. Il y a tant, trop de conflits encore ouverts.