Vous le savez : à quelque chose malheur est bon. Ou pour le dire autrement : le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ou encore : qui n’a pas réussi sa vie déclare arrivée la fin du monde. Vous ne comprenez rien encore à tout ce charabia ? Normal, puisque c’est un coup en terre et un autre au ciel. Mais en tout cas, comprenez tout de même que depuis quelques mois, c’est cette histoire de COVID 19 – le ou la, peu importe qu’il soit femme ou homme, l’essentiel est qu’il ou elle a fait de gros dégâts ; et pendant que l’hécatombe continue, que les lexicologues français sont en bisbille sur le sexe dudit virus. Exactement comme pour celui des anges ou celui du papillon. Ou comme chez nous où le/la COVID, c’est kif-kif la CEP. Comment ? On parle trop du/de la COVID… comme on parle trop de la CEP. Qui dit COVID pense à l’argent, avec le fonds de quelques milliards dont on ne nous parle plus maintenant. Qui dit CEP pense à l’argent, avec les milliards volés et les honoraires des avocats de la défense et de la partie civile. La COVID tue. La CEP accuse. Merci la COVID d’avoir été un excellent justificatif à toutes les mauvaises prestations. Nouakchott se noie ? C’est la faute à la COVID ! Les médicaments manquent dans les pharmacies ? C’est à cause du COVID ! Les prix augmentent ? Foutu(e) COVID ! Les ministres « ministrent » mal ? COVID, encore et toujours ! Imaginez un peu s’il n’y avait pas eu cet(te) imbécile de COVID : le Président n’aurait entrepris aucun voyage ; les députés jamais augmenté leurs salaires ; les chefs d’état-majors des corps procédé à aucune affectation, promotion ni avancement. Les prix n’auraient pas augmenté. Les épreuves n’auraient pas fuité. Les pluies n’auraient rien endommagé. Ni les policiers, ni les gardes, ni personne n’auraient « bavuré ». Tout ça, c’est à cause du/de la COVID ! Sinon, l’an I du mandat aurait été tellement joli avec des réalisations comme pas possible. Tout allait changer. C’est tout le monde allait être tout beau tout gentil avec beaucoup d’argent et aucun problème. Mais voilà, il y a eu cet(te) imbécile de COVID 19 ! Heureusement pas 20 ou 21. Ce qui me rappelle une histoire selon laquelle un père de famille – peulh, wolof ou halpulaar mais qui vaut aussi pour n’importe quel autre père de famille de chez nous – aurait dit : « heureusement que la marmite n’a que trois pieds. Ç’eût été la catastrophe, s’il en avait eu quatre ou cinq ». Maintenant, c’est toujours comme ça : que nous prenions d’ici et laissions de là-bas, on ne va pas faillir : nous sommes une société qui triche. Et depuis bien avant le/la COVID 19. Nous trichons au concours d’entrée en sixième. Nous trichons au BEPC. Nous trichons au Bac. Nous trichons à l’Université. Nous trichons dans la vie. Nous trichons même avec la mort. Et nous espérons même tricher au-delà. Les coups d’État, la gabegie, le vol, la corruption… c’est quoi, si ce n’est de la tricherie en bonne et mauvaise forme ? Un haut cadre qui ment est un tricheur. Les promotions indues ? Rien que de la tricherie. Les faux rapports, les faux chiffres, les fausses déclarations : de la tricherie ; tout comme les accusations infondées, les calomnies, les dos-ronds à la vérité, les mauvais payeurs de la SOMELEC, de la SNDE et des impôts : vilaines, vilaines tricheries ! Et quand ce sont les Grands de Tevragh Zeïna et autres quartiers de soit disant nantis qui manipulent les factures pour payer au minima, manœuvrent pour s’extraire des frais fiscaux, font des pieds et des mains pour faire réformer les biens publics : voitures, domaines, maisons, etc. ; Bon Allah, c’est quoi, sinon infâme tricherie ? Quand c’est eux, que vont dire les « nous » ? Ô pauvres de nous ! Quand la pierre dit : « je suis mouillée », le morceau d’argile répond : « moi, je ne pipe mot ». Salut.
Sneiba El Kory