Les éditeurs de la presse écrite en Mauritanie tirent la sonnette d’alarme à propos de la situation catastrophique des journaux papiers dans un éditorial commun publié mardi.
« La presse écrite mauritanienne se meurt. Elle rendra son dernier soupir sous peu, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour lui venir en aide.
Fleuron des médias, cette presse qui lutte depuis son avènement pour une Mauritanie juste, libre et égalitaire, et que ni censure ni saisies, ni brimades, ni privations n’ont fait plier, est entrain de disparaitre » peut-t-on lire dans cet éditorial.
L’avènement de la presse écrite privée en Mauritanie date du début des années 1990, dans la foulée de la vague de démocratisation en Afrique. Une période marquée par la fréquence de la censure (abolie par une loi de 2006).
Ce document énumère le chapelet de difficultés: « la concurrence de l’audiovisuel, du net et son corollaire, la chute drastique des ventes, l’exigüité du marché publicitaire, l’absence de soutien des pouvoirs publics qui ne lui accordent que la portion congrue d’un fonds d’aide plus qu’insignifiant, alors qu’il devait lui être destiné en totalité, la presse écrite de Mauritanie vit les heures les plus sombres de son histoire
Sans le soutien de l’Etat, elle est vouée à disparaître. Au Sénégal, au Maroc et en France, la presse écrite est subventionnée au même titre que les syndicats et les partis politiques. En Mauritanie, très faiblement.
Certes, nous n’avons pas de culture démocratique et ceux qui nous dirigent admettent toujours très mal la critique, partant du principe que celui qui n’est pas avec moi est nécessairement contre moi, variante guère plus sophistiquée du fameux le chef a toujours raison ».
Réunis la semaine dernière, les éditeurs mauritaniens cherchent ainsi une oreille attentive à leurs doléances.
Cet éditorial commun est le point de départ d’une vaste campagne de sensibilisation pour interpeller tous ceux qui œuvrent à l’ancrage de la culture démocratique et de l’Etat de droit à l’intérieur et à l’extérieur.
En Mauritanie, signale-t-on, il existe une quinzaine de publications écrites majoritairement francophones.
D’un montant de 200 millions d’ouguiyas ( soit environ 620.000 dollars us), le fonds d’aide à la presse est réparti entre les médias écrits, électroniques, les radios, les télévisions et l’imprimerie nationale.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».