La police convoque l’ex-Président. Elle le relaxe. La police convoque l’homme d’affaires X… et le relaxe de même. La police convoque l’ex-ministre Y… et le relaxe itou. C’est entré par ici, c’est ressorti par là. Il paraît que l’ex-Président a dit ceci. Et que son ex-Premier ministre lui a répondu cela. Oui, l’ex-Président est immensément richissime. Au point que ses magasins et comptes ne peuvent plus contenir ses richesses. Il les fait donc garder chez un proche parent. Lequel proche parent est tellement discret qu’il est prêt à aller en prison pour cacher le magot que son cousin lui a confié. Oui, il paraît que la Première Dame est partie en France pour y dissimuler leurs avoirs. Oui, ils ont dit que chaque membre de la commission d’enquête va obtenir « un bon peu » de l’argent récupéré auprès des ex- de la dernière décennie. Et, selon des sources « proches de l’enquête », il paraît que tout cela peut ne pas aller aussi loin que les gens l’espèrent. Les Aziz et autres ex- de la décennie diabolisée n’ont pas encore dit leur dernier mot ni abattu leur dernière carte. Ah, ok, il paraît que, selon des informations venant de là-bas, c'est-à-dire de vers Aleg ou même Néma, des instructions auraient été données aux autorités administratives de réfectionner les prisons et d’y réserver des ailes pour de « potentiellement probables » nouveaux pensionnaires. Si bien sûr les négociations entreprises « en bas en bas », par quelques « excellentes volontés » pour « traire le sein de la paix » entre les deux amis de plus de quarante ans n’aboutissent pas… Un peu comme dans l’affaire d’un quelqu’un ayant fait le « tout debout » dans la boutique de quelqu’un d’autre et qu’au bout du « premier règlement de comptes », le second s’aperçoit que le premier a presque tout saccagé : alors, la tribu du voleur vient voir celle du volé pour lui demander, au nom des liens ancestraux et des traditions séculaires de bonne entente et de solidarité entre les deux entités, de passer par pertes et profits les dégâts occasionnés par la boulimie et la « légèreté de la main » de cet ex-toujours-debout de la dernière décennie. Cette « insoutenable légèreté de l’être », comme dirait Milan Kundera. Nous, on va continuer comme ça encore une décennie. Nous, c'est-à-dire : nous tous. En boucle. En cercle vicieux. Ensemble. Un petit incident, vraiment de passage, et ça nous prend des semaines de commentaires, réflexions, explications ! En quoi ça nous concerne que Trump contracte le coronavirus ? Qu’il s’en remette ou qu’il en meure ? Qu’il remporte les élections le 3 Novembre ou qu’il les perde ? Que Baiden devienne président des États-Unis ou que Trump le reste ? Ce qui se passe au Haut Karabakh ou à la Bekka ? Mais il y a la radio et la Mauritanienne. Des mois que ça n’en finit pas ! Tant de longues émissions sur toute la problématique de la gabegie ! Des universitaires, des élus, des oulémas, des analystes en veux-tu en voilà venus de tous les horizons. Je dis bien de partout. Vraiment un acte citoyen et d’unité nationale. Moi, j’ai horreur de la redondance. Pour une raison très simple : ça affadit. Or moi, je veux être « pimenteux », chauffant. Et sans faire dans l’exagération ni le trop, puisque, comme on dit chez nous, « on fait attention à celui qui en fait trop ». Mais, moi, je n’ai rien à « attraper par ma main » (comme si l’on pouvait attraper par autre chose...). « Celui qui critique un gav », disaient naguère les gens, « doit mettre un autre à sa place ». La dernière décennie avec sa gabegie, ses ministres, ses directeurs généraux, ses principaux collaborateurs, ses marchés, ses immeubles, ses fondations, ses comptes en banque, en dessus et ses dessous… est aujourd’hui une page qui se tourne on ne sait dans quel sens ou quel autre. Sans que jusque là, en tout cas moi, l’on ait senti qu’une autre décennie, nouvelle, a commencé. Commission d’enquête parlementaire. Ex-Président convoqué puis reconvoqué puis lâché puis relâché... Salut.
Sneiba El Kory