Tout ce qui atteint son terme finit. Adage arabe, paraît-il. Tellement simple. Tellement logique. Tellement évident. Ben oui : quand on arrive à la fin, on finit. Normal. Ici, on a tellement applaudi – exagérément – tellement youyouté sans compter, tellement dansé et chanté ceux qui sont au pouvoir, ceux qui en sont proches, proches de ses proches ou de ceux qui peuvent en être un jour proches… au point de tout banaliser. Tout dévaloriser. Du président de la République au plus petit fonctionnaire. Les anciens présidents du tout commencement ne sont pas comme les présidents de maintenant. Qui mettrait feu Moktar au même rang de, allez, choisissez vous-même qui vous voulez de nos 9 autre présidents ? Ou Senghor à celui de tout autre président du Sénégal ? Nos premiers ministres, au sens de ceux qui furent les premiers de nos ministres, ne sont pas comme nos actuels ministres, Premiers ou derniers soient-ils. Nos gendarmes d’autrefois n’étaient pas comme nos gendarmes d’aujourd’hui. Ni nos policiers, ni nos goumiers, gardes, forestiers, infirmiers, instituteurs, professeurs, artistes, troubadours, clowns, militaires. Ni même nos putschistes. Moussa Traoré renversant Modibo Keita était-il comme Assimi Goita qui vient de renverser Ibrahim Boubacar Keita ? Ou feu Ould Mohamed Salek et son groupe de même acabit que Mohamed et sa junte ? Bref, il n’y a pas photo entre les anciens et les nouveaux. Et tout ça pour dire quoi ? C’est pour revenir sur depuis quand l’on a commencé ici, dans ce pays d’un million de poètes, à devenir un million de beaucoup de choses. Nous sommes tous tout en même temps. Le pays d’un million de titres : Professeur/Docteur/Excellence… Tu es passé entre le mur du Stade du Ksar et celui de l’École normale supérieure ? Tu es professeur. Tu es parti quelque part en Libye au temps de feu Kadhafi, Syrie de feu Hafez Assad, Égypte de feu Sadate, Iraq de feu Saddam ou même Sénégal ou Gambie pour « faire le tout debout » pendant quelques années et tu reviens ? Te voilà docteur ou professeur ! Tu accompagnes un malade au Maroc, Tunisie, France ou je ne sais où d’autre ; tu passes pour une formalité à telle ambassade ou consulat ? Te voilà Excellence Monsieur l’Ambassadeur ou Madame la Consule ! Selon les orientations éclairées de Son Excellence Monsieur le Président de la République – taratata ! – et en application de la politique du gouvernement du Premier ministre ou de l’avis de l’ingénieur, l’avocat, le docteur, l’infirmier, l’assistant d’élevage, l’instituteur, le chauffeur ou le conducteur d’engins – tirititi ! – Finalement, nous sommes devenus un peuple d’Excellences, docteurs, professeurs, érudits, imams, cheikhs, Sa Sainteté, Sa Majesté, Honorables… Un peu comme à l’époque d’un certain ex-Président expert en visitations au cours desquelles les applaudisseurs de chaque petit coin de quelque part en ce pays rivalisaient à qui mieux mieux d’hypocrisie et de mensonge. Jusqu’à lancer dans son discours, comme s’y hasarda l’un d’eux, que « les ânes, les chèvres et les arbres de son village souhaitaient la bienvenue au guide éclairé aux idées si lumineuses et clairvoyantes orientations ». Excellence, Docteur, Professeur, « c’est pour la première fois en l’histoire de ce pays… » : du n’importe quoi ou du je ne sais plus quoi. Excellence Monsieur le Président et son plan de relance, ses engagements, ses priorités…..En application de la politique du Premier ministre……Ce hakem est tout bonnement extraordinaire. Ce wali, un ange très proche des populations. Ce commissaire de police ou cet autre responsable régional... Nous remercions le Président, le Gouvernement, le président du Conseil régional, le maire, le directeur régional de l’Éducation, les chefs de service régionaux…..Ya Ehel « Mouriteni », vous êtes morts à cause du mensonge, de l’hypocrisie et des « tesfagh » (applaudissements) ! Salut.
Sneiba El Kory