Il y a quelques jours, quelques dizaines de millimètres de pluie ont provoqué un profond désarroi à Nouakchott, notre capitale censée faire vitrine sur l’extérieur. Routes inondées, automobilistes piégés, quartiers submergés, toujours le même spectacle de désolation à chaque hivernage. Il y a quelques années, pourtant, l’ex-président de la République inaugurait, en grandes… pompes qui auraient dû nous prévenir de la suite, un réseau d’assainissement qui a coûté la bagatelle de 15 milliards d’anciennes ouguiyas. Un réseau fantôme, à coup sûr, puisqu’aucune goutte de pluie n’aura jamais été évacuée par une quelconque canalisation. Il a fallu recourir à de beaucoup moins prestigieuses pompes pour vider les grands axes des quasi-lacs qui enclavaient les quartiers. Alors, où sont partis les 15 milliards ? Engloutis comme tout le reste
Comme les dizaines d’autres milliards que la police chargée des crimes économiques est entrain de pister et dont une partie a été retrouvée. Comme le foncier de Nouakchott et de Nouadhibou sur lequel on a fait main basse. Comme les dizaines de marché de gré à gré, qui ont, eux aussi, pompé des milliards sur lesquels personne ne pouvait lorgner, s’il n’était membre du clan. Mais toute chose a une fin, pas nécessairement heureuse. Ceux qui ont mis, dix ans durant, ce pauvre pays en coupe réglée, sont en train de rendre compte de leurs méfaits. Confrontés les uns aux autres, ils se rejettent une responsabilité que personne n’a le courage d’endosser. Comme des rats quittant un navire en perdition. Sous le déluge, l’arche d’Ould Abdel Aziz a choisi de se saborder. N’est pas Noé qui veut.
Ahmed Ould Cheikh