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En soixante ans d’histoire, le pays a eu une dizaine de présidents. Dont certains par excès et d’autres par défaut. Des milliers de ministres. Des dizaines de milliers de walis et hakems. C'est-à-dire, pour ceux qui ne le savent pas : des gouverneurs et des préfets. Avec autant de sous-walis et sous-hakems. Moins d’ambassadeurs, directeurs généraux, secrétaires généraux de ministères. Quelques poignées de trésoriers généraux. Une bouchée de gouverneurs de la Banque centrale. Une pincée d’administrateurs directeurs généraux. Un club de présidents de l’Assemblée nationale. Bon, bref, je veux dire qu’on a eu, depuis toujours, des nominations en veux-tu en voilà à tous les postes de la République. Et que celles de mercredi dernier au ministère des Finances ne sont pas « plus grandes que cela ». Qui a-t-on toujours nommé ? Voyez les cent cinquante-neuf députés du Parlement. Prenez-les un-à-un. Épluchez leur CV. Cherchez qui ils sont. Je dis bien un-à-un. Remontez le temps jusqu’à la remise du pays, clés en main, par les colons aux nationaux. Qui étaient présents au congrès d’Aleg ? Qui étaient les responsables du Parti du Peuple Mauritanien ? Ses fédéraux dans les régions ? Ses responsables centraux ? Les premiers officiers de l’armée nationale ? Quelles furent les modalités de leur recrutement ? Revisitez la composition des comités militaires du redressement ou du salut national. Qui étaient aux Structures d’éducation des masses ? Les responsables de la Dizaine, la Centaine, de la Cellule, du Quartier ? Les hommes d’affaires ? Fabriqués ou pas fabriqués ! À qui sont revenus les financements des crédits agricoles ? Qui ont mis en faillite l’Union des banques du développement ? À qui donna-t-on les licences de pêche ? Les quotas du poulpe ? Les concessions rurales ? Céda-t-on les domaines de l’État ; parfois même des immeubles « tout ronds » ? Allez chercher qui sont les commissaires/inspecteurs/inspectrices de police ? Des douanes ? Les officiers de la gendarmerie, de la garde ou de l’armée ? Il ne suffit pas de naître quelque part. Il faut aussi savoir bien naître. Ce n’est pas que ces gens n’ont pas le droit d’être tout dans leur pays. Mais c’est que cela ne « gâte rien de bien naître », avec un nom significatif. Ce n’est pas de la suprématie. Ah non ! C’est juste que « le lionceau est du lion ». Que les pères, les mères, c’est quelque chose. On dit même chez nous que « celui à qui le père a laissé une fatigue doit se la fatiguer ». Les autres vous diront tout et son contraire : « tel père, tel fils » autant qu’« à père avare, enfant prodigue »… Qui donc nous rappelait, il y a quelques mois, que les deux premiers grands responsables du pays n’étaient pas « fils de n’importe qui » ? Ha oui, ici, chez nous, la paternité, ça signifie quelque chose ! Qui ne veut pas avoir un bon père ? Et un bon père, ça sert à quoi ? Soyons logiques : nous ne choisissons pas nos pères mais quand ils sont là, ils sont là. Et si jamais ils peuvent servir à quelque chose, tant mieux. L’expression que tel ou telle n’est pas « fils ou fille d’une bouse » n’a jamais été aussi d’actualité. Il ne faut pas insulter l’histoire ni cracher sur le passé, revisitons nos archives : quelle fut la première promotion de magistrats mauritaniens ? Regardez-en la composition. On dit : « C’est un très bon avocat, ingénieur, juriste, pilote ou officier… » puis on se retourne dans tous les sens avant de compléter « mais c’est … » ou « bon, il n’a pas fait beaucoup d’études mais, attention, c’est le fils de la tente du milieu des Oulad Ceci et il est le fils de Cela »… Moi, j’ai envie de poser une question on ne peut plus simple : vaut-il mieux avoir ou ne pas avoir de père ? Alors, que nos maires en aient ou que nos présidents, ministres, généraux et autres s’en prévalent, ça fait partie du jeu. Maintenant, « celle qui a quelque chose n’a qu’à le mettre… et celle qui n’en a pas n’a qu’à l’emprunter ». Salut.
Sneiba El Kory
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.