... réhabilitation des ouvrages dans ses zones d’intervention. »
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Directeur général de la SONADER depuis 21 février 2019, Abdoulaye Mamadou Bâ, BLAY, pour les intimes, est Titulaire d’un DESS en gestion des entreprises de la précieuse HEC de Montréal (Canada) en 1992, ceci, après avoir décroché une maîtrise en droit privé à l’université Mohamed V de Rabat en 1981.
De retour au pays, ce cadre occupe d’importants postes de responsabilités : Dg de l’ENER (2003 à 2005), Dg de la SOMIR (2007 à 2008), Dg de l’ANESP (2009), Dg de la SMCP (2011 – 2018) et Dg de la SAM (2018 – 2019).
En outre, Abdoulaye Mamadou Bâ a eu a occupé les postes de chargé de mission à la présidence de la République, entre 2010 et 2011 et de secrétaire général du gouvernement en 2008.
Et depuis 2006, Abdoulaye Mamadou Bâ est maire de la commune de BABABE.
A ces titres, il a effectué plusieurs, il a eu à participer à plusieurs salons et exposition et de promotion dans plusieurs villes en Europe, en Chine, au Japon, en Corée et des Emirats Arabes Unis.
Dans cet entretien avec Horizons, il explique aux lecteurs la mission assignée par les pouvoirs publics à la SONDER, ses objectifs et sa stratégie, évoque les actions réalisées par cette société, pilier de la politique de la Mauritanie en matière de l’irrigué, ses rapports avec les paysans et ses perspectives d’avenir.
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HORIZONS : Vous êtes à la tête de la SONADER depuis peu. 45 ans après sa création, pensez-vous que le la société a atteint les objectifs que les pouvoirs publics lui ont assignés ? Sinon, que faudrait-il faire désormais pour qu’elle joue véritablement son rôle ?
Bâ Abdoulaye Mamadou : Je tiens tout d’abord à vous remercier de l’occasion que vous m’offrez aujourd’hui pour m’exprimer sur l’établissement que j’ai l’honneur de diriger depuis un peu plus d’un (01) an. La SONADER est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), créé en 1975 (décret 75-237 du 24 juillet modifié par le décret 95-022 du 8 avril 1995) pour mettre en œuvre des programmes et plus spécialement promouvoir l’agriculture irriguée dans un contexte climatique marqué par la sécheresse et la désertification. Ses missions, essentiellement, étaient centrées sur la maitrise d’ouvrage déléguée, l’entretien et la gestion des infrastructures et ouvrages, la gestion de l’eau et le conseil agricole.
* Au niveau de la maitrise d’ouvrage déléguée et l’entretien et la gestion des infrastructures et ouvrages :
La surface brute aménagée est d’environ 60.000 ha pour une superficie nette de 42.800 ha en maitrise totale d’eau, dont environ 35.000 ha sont mis en culture chaque année. Les superficies concernées par l’encadrement de la SONADER sont estimées à 20.600 ha alors que le potentiel de la zone irrigable est d’environ 137.000 ha.
Au niveau de la décrue contrôlée, la SONADER a aménagé 65 175 ha au profit de 45.000 producteurs.
En temps que maitre d’ouvrage délégué, la SONADER assure le suivi et la supervision des travaux d’aménagement de Mbakh-Dieuk (637ha), Chechiya (523ha), Rkiz (3500ha), Mpourié (981ha), le pont vanne de Kaédi financé par Sinohydro pour 6,8 Millions de Dollars et d’entretien des axes hydrauliques tels que Laouija (44km), Mbimani (8km). Ces aménagements sont en cours de réalisation dans le cadre de la mise en œuvre du programme « Mes Engagements » de SE Monsieur Mohamed Cheikh Ghazouani Président de la République.
* Au niveau du Conseil- agricole :
La SONADER a apporté un appui aux producteurs à travers un conseil agricole approprié, basé sur une approche participative et un appui aux organisations paysannes pour une meilleure rentabilité des exploitations. Au niveau de l’appui institutionnel aux producteurs, la SONADER a appuyé la constitution des organisations des producteurs (coopératives, union de coopératives et GIE) et a renforcé leur capacité à se prendre en charge à travers leur formation sur les plans administratif, financier et technique (262 agriculteurs ont été formés en 2019 et 1920 agriculteurs seront formés en 2020).
L’établissement a affronté des difficultés lors de l’exercice de ses missions régaliennes qui sont principalement des contraintes d’ordre financier et humain. La SONADER enregistre des retards importants pour recouvrer les ressources limitées mises à sa disposition afin de mener à bien ses missions. On note aussi l’insuffisance d’autres ressources additionnelles auprès des partenaires.
Certaines structures nationales empiètent sur certaines missions régaliennes de la SONADER empêchant cette dernière d’intervenir à temps dans la réalisation ou la réhabilitation des ouvrages dans ses zones d’intervention. Ceci a une forte incidence aussi bien sur le niveau de mise en valeur et le niveau de productivité du fait de l’absence ou de l’insuffisance du conseil agricole.
Une autre contrainte est liée à l’insuffisance du personnel de la SONADER notamment les cadres techniques compétents. En effet, la grille des salaires de la SONADER n’a pas été revue depuis 1985, ce qui a eu pour conséquence le départ des cadres et des techniciens compétents vers des structures mieux motivantes.
Il faut noter que la délocalisation du siège de la société à Rosso sans étude préalable a impacté négativement sur l’organisation et le fonctionnement de l’établissement.
Ceci étant, les opportunités qu’offrent la SONADER restent le chantier vaste attendu en services d’appuis pour le développement de l’agriculture irriguée permettant à l’Etat d’atteindre les objectifs du SCAPP à l’horizon 2030. Il est prouvé, dans les analyses de performance du secteur agricole, de fortes attentes des acteurs en conseil agricole et rural, en réhabilitation et entretien des aménagements et ouvrages agricoles et en renforcement des capacités des acteurs. Toute cette demande gravite autour des missions de la SONADER. De plus, elle est la plus compétente pour réaliser ces services en raison des avantages comparatifs quelle offre et qui sont :
*Expérience et savoir-faire depuis plus de 45 ans,
* Présence sur l’étendue du domaine irrigué,
* Proximité de l’encadrement,
* Dotation et disponibilité en infrastructures de base (bureaux, villas de passage, magasins…) décentralisés dans les régions,
* Disponibilités des ouvrages même si certains sont vétustes,
* Homogénéité dans les approches de conseil et de vulgarisation,
* Confiance des producteurs notamment les paysans organisés en coopératives, unions ou GIE
L’ensemble de ces atouts positionnent la SONADER comme un outil opérationnel utile au développement de l’irrigué. Il s’agira de la restructurer pour qu’elle réponde au mieux aux besoins des services de l’agriculture irriguée. D’ailleurs une étude de restructuration de la SONADER a été menée entre 2017 et 2018 par un cabinet d’expertise sous la supervision d’un comité technique interministériel dirigé par un conseiller du Premier Ministre. Cette étude a été validée par les organes délibérants et actuellement soumis aux tutelles pour sa mise en œuvre dans les meilleurs délais. Cette mise en œuvre est essentielle pour la survie de la société.
Cette restructuration a porté sur le recalibrage de ses missions, sur ce que la SONADER fait de mieux avec des moyens financiers et humains adéquats. Sur le plan organisationnel, il est attendu une reconversion des profils aux besoins des services en relation avec les missions assignées et une motivation du personnel approprié pour rendre la SONADER plus compétitive et attrayante grâce à l’appui de l’Etat et des partenaires techniques et financiers. Ceci doit se traduire concrètement par la signature rapide (avant la fin de l’année en cours) d’un contrat programme tri-annuel entre l’Etat et la SONADER.
-Combien de producteurs la SONADER encadre t- elle sur le terrain et pour quelle superficie ? De quels moyens dispose – t - elle pour accomplir sa mission ?
-Les superficies encadrées par la SONADER dans leur ensemble totalisent 85.775 ha dont 20.600 ha en irrigué et 65.175 ha en décrue, pour une production annuelle en paddy représentant 38% de la production nationale et une production en céréales de 18% de la production Nationale.
La SONADER intervient au niveau des Wilayas, du Trarza, du Brakna, du Gorgol, du Guidimagha et du Tagant. Elle assure dans ces régions l’encadrement au profit de 915 coopératives dont 536 coopératives villageoises composées essentiellement d’hommes chefs de ménages et attributaires de parcelles et 379 coopératives féminines composées exclusivement de femmes et qui, à quelques rares exceptions, exploitent des jardins maraîchers.
- A combien s’élève la production rizicole du pays ? Satisfait-elle les besoins du pays ?
En Mauritanie, les chiffres des dernières campagnes indiquent une production annuelle en riz d’environ 179.000T. Les besoins annuels en riz du pays sont évalués à 240.000T. Le Ministère du Développement Rural s’est fixé comme objectif de produire cette année 203.000T soit environ 85% des besoins en riz du pays.
-A votre avis, la Mauritanie est-elle sur le chemin de l’ « autosuffisance en riz »? Si oui, quel rôle la SONADER pourrait-elle jouer dans ce combat ?
-Comme vous le savez, la Mauritanie a adopté en 2015 une politique de développement à l’horizon 2030 dénommée « la Stratégie Nationale de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) » avec une ambition de favoriser une croissance économique portée par les secteurs tertiaire et primaire dont l’agriculture. Pour matérialiser une telle vision, il est mis en œuvre des stratégies pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et la productivité agricole en vue d’accroitre la croissance et la compétitivité des filières agricoles. A ce propos, le Ministère du Développement Rural a adopté une stratégie ambitieuse basée sur le programme « Mes Engagements » de Son Excellence Monsieur le Président de la République permettant l’atteinte de ces objectifs.
Cette vision ne saurait prospérer sans une structure forte d’appui-conseil, de réalisation ou réhabilitation d’aménagement et d’entretien des ouvrages, de gestion des ressources pour le compte des producteurs qui sont techniquement limités pour induire une productivité agricole et la préservation durable des ressources. C’est à ce niveau que la SONADER peut intervenir compte tenu des atouts dont elle dispose et de son expertise et capital d’expériences reconnus par tous ses partenaires.
- « Consommer du riz mauritanien ». C’est un slogan ou une réelle volonté politique ? Quels sont les dispositions prises pour relever ce défi ?
-La situation pandémique qui prévaut actuellement dans le monde nous a prouvé à quel point un pays est vulnérable s’il n’assure pas une certaine autosuffisance des denrées indispensables comme le riz qui est l’aliment principal de la famille Mauritanienne. « Le Consommer local » ne peut être un slogan mais une volonté forte des pouvoirs publiques. D’ailleurs il suffit de faire votre propre analyse pour remarquer qu’aujourd’hui le riz local est de plus en plus consommé dans les foyers mauritaniens et devient de plus en plus disponible en quantité et en qualité. Il suffit de visiter le Trarza pour voir à quel point les usines de décorticages ont augmenté en nombre en si peu de temps.
Le riz Mauritanien est aujourd’hui aussi apprécié sinon même plus que le riz importé.
-Quels rapports entretient la SONADER avec les producteurs ? De quoi se plaignent -t-ils quand ils rencontrent les responsables de la société ?
-La SONADER a toujours été proche des producteurs à cause de l’appui-conseil qu’elle leur apporte. Un conseil agricole approprié basé sur une approche participative et un appui aux organisations paysannes. La SONADER soutient la constitution des organisations des producteurs et renforce leur capacité à se prendre en charge à travers leur formation. A cause de son engagement de proximité et de conseiller avisé, la SONADER est toujours sollicitée par tous les producteurs privés ou collectifs.
Il est vrai que les producteurs s’orientent la plupart du temps vers la SONADER pour poser leurs problèmes qui peuvent être d’ordre technique ou organisationnel via les structures déconcentrées de la SONADER qui leur prête une oreille attentive. Les plaintes les plus récurrentes sont :
* La dégradation des infrastructures et des sols, liée au manque de moyens pour la maintenance et la réhabilitation.
* L’inefficacité au fil du temps des services d’appui de base assurant de façon harmonisée et efficiente la maintenance des aménagements et leur réhabilitation après leur transfert aux organisations paysannes qui n’ont ni les moyens, ni les capacités requises pour prendre en charge cette maintenance ;
* La détérioration du conseil agricole à cause du manque de moyens.
* Les difficultés d’accès au crédit agricole aux intrants agricoles (semences et engrais).
Les producteurs ont toujours exprimé leur souhait de voir la SONADER, leur partenaire privilégié, dotée de moyens humains et matériels suffisants pour qu’elle leur apporte toujours l’encadrement et l’appui nécessaires à la réalisation de leurs activités. Ils semblent nostalgiques de la période d’apogée de la SONADER des années 80/90.
-Le secteur de l’agriculture dispose de beaucoup de structures sur le terrain. Quels rapports entretenez-vous avec la SCAT et la SNAAT ? Quelle part occupe le secteur de l’agriculture dans le budget de l’état ?
-La SNAAT était à l’origine un service de la SONADER tout comme le crédit agricole. C’était un service de la SONADER (CGEMAT) chargé de l’exécution des travaux d’aménagements hydro-agricoles tels que les périmètres irrigués, l’entretien des axes hydrauliques et la construction de pistes rurales. Les pouvoirs publics ont jugé nécessaire de soustraire certaines activités des missions de la SONADER et de créer des établissements à part entière pour l’exécution de ces activités. Ainsi, la SNAAT a été créée en 2009.
Nous intervenons dans le même sous-secteur de l’irrigué mais nos missions sont aujourd’hui différentes.
Pour conclure, je profite de l’occasion offerte pour féliciter SE Monsieur le Président de la République Mohamed Cheikh Ghazouani pour sa vision ambitieuse et son programme pertinent pour le développement du secteur agricole aussi bien pour les aménagements programmés dans « mes engagements » de 5000ha/an, que pour l’appui aux opérateurs du secteur dans tous les domaines (intrants, encadrements, aides aux sinistrés, objectifs clairs et évaluables…).
Le gouvernement de SE Mohamed Ould Bilal est en train de mettre en œuvre ces nouvelles orientations avec beaucoup de diligence.
Le dynamisme incontestable du Ministre du Développement Rural et sa présence régulière sur le terrain comme en témoigne sa visite actuelle au niveau de toute la vallée.
Il est souhaitable que la SONADER retrouve son rayonnement des années 80/90 par l’appui nécessaire à sa restructuration, la prise en charge de ses nombreux arriérés d’impôts, de déficit auprès de la CNAM, de la CNSS et aussi un appui financier conséquent à la hauteur des ambitions de l’Etat dans ce secteur clé et ce à travers un contrat programme qui définit les engagements de la SONADER et de l’Etat avec une évaluation de performance régulière (semestrielle, annuelle…).
Je ne saurais conclure cet entretien sans remercier vivement nos partenaires dont l’appui et le suivi permanents nous ont permis de poursuivre notre mission. C’est notamment ceux de l’OMVS, dans le cadre du PGIREII, de la Banque Mondiale qui finance ces programmes, du Fonds Saoudien pour le Développement, de l’AFD dans le cadre de l’ASARIGG qui va démarrer incessamment au Gorgol et au Guidimakha, de la coopération espagnole qui intervient notamment pour appuyer les coopératives féminines au Trarza ainsi que les autres projets comme le PARIIS, le PDRIANSM, le PATAM etc…
Je souhaite que la SONADER se hisse au niveau de ses confrères de la sous-région comme la SAED au Sénégal et l’office du Niger au Mali.
Je vous remercie.