Un collectif d’une soixantaine d’avocats a annoncé sa constitution pour défendre les intérêts de l’Etat mauritanien, dans le cadre d’un dossier de corruption contre l’ancien président, Mohamed ould Abdel
Aziz, au cours d’une rencontre avec la presse, organisée mardi en début d’après-midi, au premier Centre International des Conférences de
Nouakchott (CICN-Palais des Congrès).
Ce collectif est conduit par maître Brahim ould Ebety, bâtonnier de l’Ordre National des Avocats (ONA).
S’exprimant au nom de ses collègues, maître Yarba ould Ahmed Saleh, a
justifié la constitution du collectif à la demande l’Etat, par la loi régissant la profession d’avocat, « la complexité et l’importance du dossier, l’ampleur de la mission » compte tenu des deniers et biens à recouvrer.
Il a rappelé l’enquête préliminaire menée par la police anti-corruption et le cadre judiciaire et légal de la Mauritanie « qui se caractérise par l’existence d’un pôle anti-corruption de 3 magistrats
au niveau du parquet, et un collège de 3 juges d’instruction ».
L’avocat a également évoqué les raisons de la libération de l’ancien, président, Mohamed Abdel Aziz, intervenue au cours de la nuit de dimanche à lundi, après une semaine de présence dans les locaux de la Direction Générale de la Sûreté Nationale, « justifiée par
l’expiration des délais légaux de garde à vue ».
Pendant son interrogatoire par la police, Mohamed ould Abdel Aziz a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, considérant qu’il a été arrêté « en violation de l’article 93 de la constitution, qui confère une immunité absolue au président de la République ».
Une thèse battue en brèche par maître Brahim ould Ebety et ses collègues, qui soutiennent que « les faits objets de l’enquête préliminaire menée par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, sont sans rapport avec la mission et les prérogatives constitutionnelles du président de la République ».
Suivant cette thèse, les actes pour lesquels Mohamed ould Abdel Aziz
vient de subir une semaine de garde à vue, sont détachables de la fonction présidentielle.
Le collectif des avocats de la défense a enfin donné des assurances sur la poursuite de l’enquête préliminaire, malgré la libération de Mohamed ould Abdel Aziz.
Celle-ci a été déclenchée après la transmission à la justice, le 05 août dernier, du rapport d’une Commission d’Enquête Parlementaire (CEP), dénonçant la corruption dans l’attribution de 109 marchés publics touchant à l’énergie, aux infrastructures et de nombreux autres secteurs de la vie économique pendant le règne de Mohamed ould Abdel Aziz (2008/2019).
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?